Une centaine d’employés du studio de développement Riot Games a manifesté devant les locaux de l’entreprise. Une nouvelle politique interne concernant la gestion des cas de harcèlement sexuel est en cause.

Plus d’une centaine d’employés de Riot Games (League of Legends) a manifesté devant les locaux du studio de développement de jeux vidéo lundi 6 mai. Cela fait suite à des changements de politiques concernant le harcèlement sexuel, en interne. Pour beaucoup, cela semble avoir été la goutte de trop, dans une entreprise où la culture du sexisme est régulièrement dénoncée, rapporte Business Insider.

L’arbitrage obligatoire mis en cause

Des photos de la manifestation ont été publiées sur Twitter et Reddit. On y voit plusieurs dizaines d’employés et employées, devant les locaux de Riot. Ils étaient venus protester contre la gestion par Riot Games des cas de harcèlement sexiste et sexuel.

Une image des protestations. // Source : Capture d'écran Reddit - /luckb

Une image des protestations.

Source : Capture d'écran Reddit - /luckb

L’entreprise a changé ses politiques internes en la matière. Elle a notamment instauré la règle de l’arbitrage obligatoire. Cela signifie que si un cas d’abus sexuel ou de harcèlement est rapporté à l’entreprise, il sera traité automatiquement en interne. Un accord sera établi, et la victime ne pourra pas régler le litige devant une cour de justice ou le rendre public.

L’arbitrage obligatoire était en place chez Google il y a encore quelques mois. Une enquête du New York Times publiée à l’automne a montré ses limites. Plusieurs cadres de l’entreprise ont été accusés de harcèlement, mais ils ont pu poursuivre leur carrière, ou démissionner avec des bonus de plusieurs dizaines de millions d’euros en poche. à à ces révélations, Sundar Pichai, le CEO de Google, a entre autres annoncé la fin de l’arbitrage obligatoire. D’autres grosses entreprises de la tech avaient pris des mesures similaires : c’était le cas de Microsoft dès 2017.

Riot Games a changé ses règles après une plainte

Riot Games a un passif d’accusations. En août 2018, un ancien cadre du studio, Barry Hawkins, témoignait de son expérience dans l’entreprise. Il dénonçait un environnement de travail hostile et gangrené par le sexisme. Il accusait notamment le CEO de l’entreprise, Brandon Beck, d’avoir fait une plaisanterie douteuse sur le viol lors d’un discours. Riot Games avait nié les allégations dans leur ensemble.

Le média Kotaku avait également publié le même mois une longue enquête sur la culture du sexisme chez Riot Games. En novembre enfin, une employée et une ex-employée ont porté plainte contre le studio pour discrimination sexiste. Elles dénonçaient des cas de harcèlement sexuel ainsi que des écarts de salaires injustifiés entre les hommes et les femmes.

C’est après cette plainte, transformée en recours en action collective (ce qui permet à n’importe quel employé ou employée de se joindre à la plainte), que Riot Games a pris des mesures.

Le studio a présenté ses excuses, a annoncé la suspension durant deux mois d’un cadre, et a introduit la clause d’arbitrage obligatoire. Cette dernière semble anachronique : d’un côté, Riot Games admet avoir fait des erreurs mais de l’autre, il limite les moyens d’action en justice de ses salariés. En avril, l’entreprise a demandé à ce que la plainte contre lui soit transformée elle aussi en une procédure interne d’arbitrage. Cela rendrait le litige privé, et non plus public.

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