Le gouvernement français veut lancer en octobre une plateforme en ligne qui est censée recueillir les signalements de « violences sexuelles ou sexistes », a annoncé Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, le 6 septembre 2018 lors d’une conférence de presse sur « la sécurité publique ». Mais de quoi s’agit-il ? Cette promesse est pour l’instant très floue.
Gérard Collomb annonce l'ouverture d'une plateforme pour signaler un fait de violence sexuelle ou sexiste pic.twitter.com/Wgd0soeHaY
— BFMTV (@BFMTV) September 6, 2018
« Nous allons lancer au mois d’octobre une plateforme de signalement de ces violences sexuelles et sexistes, de manière à ce que les femmes qui sont victimes de tels faits, puissent plus facilement les signaler », a déclaré le ministre, après s’être félicité d’avoir « formé spécifiquement nos forces au recueil des plaintes, installé des espaces dédiés animés par 74 psychologues et 261 intervenants sociaux ». Mais comment une telle plateforme pourra-t-elle être créée et gérée ?
Les agressions encore très peu déclarées
« Nous savons qu’en termes statistiques, cela conduira à une augmentation des chiffres. Mais ce qui compte, c’est bien évidemment de faire changer la réalité », précise Gérard Collomb. Aujourd’hui, il est encore très compliqué pour une femme victime d’agression sexuelle ou sexiste de porter plainte. Alors que les plaintes pour viols et agressions sexuelles ont augmenté de 12% et 10% en 2017 (par rapport à l’an dernier), de nombreux témoignages montrent qu’il ne s’agit en fait que de la partie émergée d’un immense iceberg. Une telle plateforme pourrait aider les femmes à signaler des violences plus facilement, et sans risquer d’être refoulées ou découragées par les autorités.
Contacté par Numerama, le ministère de l’Intérieur nous renvoie vers le communiqué de presse du 28 août 2018 intitulé « pour mieux protéger les Français ». La plateforme pour signalement de violences sexuelles ou sexistes y est présentée comme un outil pour « lutter avec force contre ces agissements et permettre aux victimes d’être accompagnées par des policiers et des gendarmes spécifiquement formés.»
C'était en 1983. Et aujourd'hui ?
— Le Groupe F (@LeGroupe_F) April 2, 2018
Réponse demain sur https://t.co/au9gIeaadD #PayeTaPlainte, avec @Payetapolice pic.twitter.com/xh6Q3M351H
Restent les nombreuses questions en suspens : comment la plateforme fonctionnera-t-elle concrètement ? Qui sera en charge de traiter les plaintes ? Combien de membres des forces de l’ordre seront affectés à la réception, au tri et à recontacter les victimes présumées ? On sait depuis le lancement de la plateforme Pharos que les Français et Françaises sont prêts à utiliser les outils numériques — compter 153 000 signalements pour l’année 2017. Reste à savoir si les autorités auront les moyens de prendre en charge tous ces nouveaux signalements.
Le Ministère nous précise que les réponses à ce questions seront formulées en octobre, lors de la présentation de ladite plateforme.
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