La fondation Wikimedia qui édite l'encyclopédie libre Wikipédia, refuse de céder aux demandes de censure de contenus interdits en Russie, et prend le risque de devenir inaccessible pour les internautes russes, si les menaces de blocage sont mises à exécution.

Mise à jour du 25 août – Le service fédéral russe a finalement décidé de ne pas bannir Wikipédia en retirant le site de sa liste noire des sites illicites

Sujet du 22 août – Le Roskomnadzor fait encore parler de lui, mais il pourrait cette fois-ci être tombé sur plus obstiné que lui. Russia Today rapporte que le régulateur russe des télécoms a écrit à la fondation Wikimedia pour la prévenir que l'encyclopédie libre Wikipedia serait bloquée en Russie si elle ne censurait pas des articles qui expliquent comment préparer certaines drogues comme le haschish ou le "charas", une spécialité indienne ancestrale.

Comme c'est désormais son habitude, le Roskomnadzor a prévenu Wikimedia que s'il n'obtempérait pas, il donnerait l'ordre aux FAI de bloquer l'accès aux pages concernées depuis la Russie. Mais parce que Wikipedia n'est accessible qu'à travers le protocole HTTPS qui chiffre les communications, il ne serait pas possible de filtrer les accès selon l'URL demandée, et c'est donc l'ensemble du site qui deviendrait inaccessible aux quelques 60 millions d'internautes russes.

Le régulateur dit faire application d'une décision de justice de juin dernier, un tribunal de première instance d'Astrakhan ayant jugé qu'il était illicite de publier des informations sur des méthodes de préparation du cannabis, qui fait partie des drogues interdites en Russie. C'est déjà en application de cette décision qu'après quelques difficultés, le Roskomnadzor avait réussi à faire plier Reddit pour qu'il bloque l'accès depuis la Russie à des pages de discussions contenant des informations sur la manière de cultiver des drogues. 

Depuis plusieurs mois, l'autorité administrative multiplie les demandes de censure aux plateformes qui hébergent des contenus, pour des raisons diverses et variées. Le premier "chantage" de cette nature avait eu lieu contre le site d'hébergement de projets open-source GitHub, qui avait dû bloquer une page listant des méthodes de suicide. La Russie semble également avoir réussi à faire pression sur Facebook, Google et Twitter, pour qu'ils censurent les contenus illégaux sous le ciel de Vladimir Poutine.

Mais Wikimedia ne semble pas décidé à céder et prend le risque d'un bras de fer. "Wikimedia est une encyclopédie universelle et toutes les informations publiées dessus ont des références vers différentes sources", a rappelé Stanislav Kozlovskiy, le directeur de Wikimedia Russie, à l'agence de presse russe RBC News. "Dans cet article toutes les informations ont été prises du site des Nations Unies et de sources universitaires". Le représentant local de l'encyclopédie a assuré que Wikipedia était "préparé à un blocage", sans en dire davantage.

A notre connaissance et contrairement à tous les grands sites à vocation internationale, Wikimedia ne met pas en place de filtrage géographique pour respecter les lois nationales lorsque des contenus sont interdits dans certains pays mais pas dans d'autres. L'encyclopédie se contente d'avoir des éditions linguistiques, comme une version russe, mais sans nécessairement y appliquer les lois des pays auxquels elles s'adressent, la censure étant largement laissée à l'appréciation des modérateurs, auto-gérés. Rien n'empêche pas ailleurs les utilisateurs d'une version de Wikipedia d'accéder à une autre version. Et il semble que Wikimedia n'ait aucune envie de revoir cette philosophie. Au risque de paraître privilégier le droit américain sous couvert d'universalité.

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