À l’heure où l’on parle de la suppression de la taxe d’habitation pour un grand nombre de foyers, les communes vont se retrouver avec une équation budgétaire très difficile à résoudre si l’État ne net pas en place un mécanisme financier compensant l’arrêt de cette source de revenus. Face à cette problématique, les municipalités pourraient être contraintes à faire d’importantes économies.
Dans ce contexte, la bascule de tout ou partie du parc informatique d’une ville vers le logiciel libre est peut-être une voie à envisager pour alléger la facture que la mairie doit aux sociétés fournissant des logiciels propriétaires et payants. Le cas de Rennes, qui a pris la décision de délaisser la messagerie propriétaire Outlook que propose Microsoft au profit d’une solution libre, pourrait en effet inspirer.
Des économies de 500 000 euros
Si la ville bretonne a pris cette décision sans tenir compte de la réforme à venir de la taxe d’habitation, les effets financiers positifs résultant de cette migration pourraient l’aider à digérer le changement des règles d’imposition. En effet, selon 20 Minutes, la ville s’attend à économiser pas moins de 500 000 euros en débarrassant de Microsoft ; la solution libre qui est retenue, Zimbra, coûte en effet beaucoup moins.
Il faut en effet compter 200 000 euros pour déployer Zimbra sur les 6 600 boîtes e-mail que compte la municipalité de Rennes, faire les adaptations éventuelles aux besoins de la ville, assurer la formation des agents et réaliser la maintenance dans la durée. Lorsque Microsoft a signé son contrat avec la mairie pour proposer Outlook, l’éditeur américain a facturé le tout pour 700 000 euros.
D’abord la messagerie ; et ensuite ?
Une évolution qui satisfait Laurent Hamon, conseiller municipal délégué aux usages du numérique : « nous nous sommes rendu compte que nous pouvions avoir de meilleures fonctionnalités tout en gagnant de l’argent », a témoigné. Et Rennes pourrait aller encore plus loin en 2018, en visant la bureautique. En clair, remplacer le traitement de texte (Word), le tableur (Excel) et les autres logiciels de Microsoft.
Il reste à savoir si Rennes pourra franchir ce pas, plus difficile que le remplacement de la messagerie, car le passage à une autre suite bureautique pourrait avoir des incidences sur d’autres outils. Idem si la ville compte changer de système d’exploitation : il est indiqué que la ville exploite près de soixante logiciels, allant de la comptabilité à la gestion des cantines, en passant par les feux de circulation.
En la matière, les retours d’expérience en France et à l’étranger sont très variables.
Si des villes comme Toulouse (qui est passée à LibreOffice), tout comme Nantes, et Turin (qui a adopté Ubuntu) ont visiblement bien digéré ces changements, d’autres comme Munich ont préféré revenir en arrière, c’est-à-dire en abandonnant Linux au profit de Windows. Pour la ville (comme pour le gouvernement), trop d’applications spécifiques fonctionnent sous Windows et l’argument des gains d’économie ne suffit pas.
En France, sous le précédent quinquennat, un plan avait été mis sur la table pour réduire de 40 % en cinq ans les dépenses en informatique, dans le cadre d’un objectif plus général d’économies de 50 milliards d’euros. En 2013, l’État avait dévoilé une partie de ses dépenses dans le logiciel et il était apparu qu’il pourrait théoriquement économiser des sommes importantes avec le logiciel libre.
On apprenait ainsi que selon une évaluation faite sur la période 2007 – 2012, les solutions propriétaires ont coûté 1,5 milliard d’euros à la France.
Rappelons qu’en France, la gendarmerie a économisé plusieurs millions d’euros avec l’adoption d’Ubuntu sur les postes de travail. Néanmoins, du côté de la défense, l’armée semble privilégier ses liens étroits avec Microsoft (contrat open bar, qui a été renouvelé récemment), qui permet au groupe américain d’équiper tous les postes avec ses solutions Microsoft (et cela, malgré les interrogations sur le noyau Windows).
À l’échelon européen, des questions du même ordre se posent. En 2013, la Commission Européenne a demandé aux administrations de considérer les enjeux de long terme et de privilégier les solutions basées sur les normes et les formats ouverts lorsqu’elles publient des appels d’offres. Elle estimait alors que plus d’un milliard d’euros par an pourraient être économisés avec cette stratégie.
Cependant, Bruxelles a bien conscience que ses services tout comme ceux des États qui composent l’Union sont dépendants des logiciels Microsoft. Si elle songe à des alternatives libres, moins coûteuses, il lui est pour l’instant impossible de se détacher totalement du géant des logiciels. Car il ne s’agirait pas de basculer dans le logiciel libre, y rester un temps seulement, puis finalement revenir piteusement en arrière.
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