Matt Furie se sent sali et trahi : sa création, Pepe the Frog, est devenue une icône nationaliste, suprémaciste, antisémite etc. Après avoir officiellement tué son amphibien, le dessinateur tente de reprendre ses droits sur l’utilisation de ce dernier. Reddit et Amazon ont déjà reçu des plaintes de ses avocats.

Matt Furie est le dessinateur et créateur de Pepe the Frog, un personnage de cartoon devenu, malgré lui, une icône d’extrême droite.

Dépassé par la réutilisation de sa création, et progressivement dégoûté par l’emploi qui en est fait par les sphères américaines suprémaciste et nationaliste, Furie a tenté de tuer la bête, en vain. Désormais, le dessinateur se prépare à une guerre des droits pour se réapproprier l’image de la grenouille. Armé de ses avocats, l’artiste veut progressivement retirer Pepe du web, des produits dérivés et de l’ensemble de détournements qui ont été réalisés avec son image.

Retirez cette grenouille

Les avocats du dessinateur ont déjà commencé à prévenir diverses personnalités de l’extrême droite américaine, mais également des plateformes. Ainsi, à travers le fameux Digital Millennium Copyright Act (DMCA), le cartooniste attaque progressivement tous les aficionados de l’amphibien le plus clivant du web.

La mort de Pepe, par Matt Furie son créateur. (Tumblr)

La mort de Pepe, par Matt Furie son créateur. (Tumblr)

Richard Spencer, Mike Cernovich, deux personnalités de la pseudo alt-right, et le sous sujet Reddit The_Donald ont été ciblés par les avocats de Furie considérant leur utilisation fréquente et problématique de la création. En outre, les entreprises Reddit et Amazon ont été prévenues que toutes utilisations et publications de l’image de Pepe entraîneraient une plainte en justice.

En août, Furie poursuivait Eric Hauser un homme politique texan qui utilisait la grenouille dans un livre anti-islam pour enfant. Les avocats du dessinateur ont réussi à faire cesser la vente du livre et ont forcé Hauser à remettre l’ensemble de ses gains au Conseil des Relations Americano-Islamique (CAIR).

Se servant du cas Hauser comme précédent, les avocats s’apprêtent désormais à récidiver sur toutes les apparitions de la grenouille tristement célèbre.

Autant de plaintes que de mèmes

À Motherboard, Louis Tompros, avocat de Furie, explique que le créateur « était sérieux lorsqu’il exprimait son vœu de clarifier que Pepe n’était pas la propriété de l’extrême droite, et ne pouvait pas être utilisé par cette dernière ». 

Néanmoins, considérant les actions plus importantes que les déclarations, Tompros s’attelle à multiplier les plaintes. Ainsi Altright, le site de Richard Spencer, a été attaqué tout comme son podcast qui utilise très largement l’image de la grenouille. Pour le moment, la figure d’extrême droite n’a pas réagi et continue d’utiliser les droits de Furie sans accord : les avocats iront donc jusqu’au procès.

Les plateformes de ventes subissent également la foudre de Furie : Amazon a retiré les différents livres utilisant l’image de la grenouille de la vente, Google Play a retiré le jeu Build the Wall avec Pepe, Apple de son côté a déjà banni Pepe de sa boutique sur une décision interne. Selon les avocats, les plus importantes plateformes comme Amazon et Google ont été les plus réactifs, mais les petits et les rétifs sont prévenus : il y aura autant de procès que nécessaire.

Le temps de la mort de Pepe semble définitivement venu.


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