Depuis deux siècles, la durée de protection des droits d'auteur ne cesse de s'allonger, du fait du lobbying très efficace de la part des industries du divertissement. Toutefois, arrive un moment où cette période légale finit par s'achever. L'œuvre accède alors à un nouveau statut, puisqu'elle intègre le domaine public (mais pas forcément pour toujours). Or, cet évènement fait l'objet d'une petite bataille sémantique et idéologique.

Faut-il dire que l'œuvre "tombe" dans le domaine public ? C'est prendre le risque d'introduire une hiérarchisation défavorable au domaine public, puisque celui-ci se situerait sous le régime classique du droit d'auteur. Doit-on alors dire que l'œuvre "s'élève" ou "monte" dans le domaine public ? Ici, la hiérarchisation perdure, à ceci près que cette nouvelle organisation est plus favorable aux œuvres devenues des biens communs profitant à tous.

D'aucuns suggèrent d'employer une expression plus neutre, quitte à ne pas prendre parti.

Il est alors question "d'entrer" dans le domaine public ou d'y "accéder". Une œuvre y est parfois "versée". En poussant la réflexion sur la légitimité du droit d'auteur et du domaine public, on peut éventuellement estimer qu'une œuvre y "retourne" puisque le droit d'auteur n'est qu'un contrat social passé entre la société et l'auteur pour gérer en exclusivité l'œuvre pendant une période strictement limitée.

À cette liste, qui ne prétend pas être exhaustive, il faut peut être ajouter une autre entrée : celle du New York Times. En effet, les membres du collectif Romaine Lubrique ont remarqué une façon pour le moins étrange de qualifier le passage du régime classique du droit d'auteur (en fait, le copyright américain) vers le domaine public : c'est aller au purgatoire ("even good films may go to purgatory").

Quand on sait que le purgatoire est "un processus de purification de l'âme après la mort qui suit le jugement particulier", c'est avoir une vision bien sombre du domaine public !

( photo : CC BY-SA Wolfgang Sauber )

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