Outre-Manche, l’Information Commissioner’s Office (l’équivalent britannique de la Cnil) vient d’ouvrir une enquête pour s’assurer que l’utilisation de données personnelles tirées des réseaux sociaux à des fins électorales reste conforme à la loi. Cette procédure s’inscrit dans la continuité directe d’une enquête liée à la campagne du Brexit.

Big data et politique peuvent-ils faire bon ménage — en permettant notamment de cibler certaines catégories de citoyens — tout en respectant la loi ? C’est, en substance, la question que pose l’Information Commissioner’s Office (ICO, l’équivalent britannique de la Cnil) dans l’enquête ouverte ce mercredi 17 mai à l’approche des élections législatives anticipées du 8 juin.

« Au vu de la révolution du big data, il est logique que les campagnes politiques s’intéressent au potentiel des analyses poussées de données pour les aider à gagner des voix. Le public est en droit de s’attendre à ce que cela se fasse en conformité avec la loi relative à la protection des données et à la publicité en ligne » explique ainsi Elizabeth Dunham, présidente de l’autorité britannique.

Elle souligne que l’enquête, pour être menée à bien, devra s’appuyer sur un travail rigoureux vis-à-vis des partis politiques, de leurs campagnes, mais aussi des entreprises spécialisées dans l’analyse des données et des réseaux sociaux. L’ICO vante l’importance pédagogique de son initiative pour sensibiliser les citoyens britanniques au fonctionnement de l’analyse de données et à la collecte de leurs informations personnelles, jugeant leur connaissance du sujet « faible ».

Dans la continuité d’une enquête sur le Brexit

Elizabeth Denham reconnaît que cette enquête doit « approfondir » celle ouverte en mars dernier par l’ICO sur l’utilisation des données personnelles disponibles sur les réseaux sociaux par des sociétés d’analyse afin d’influencer les électeurs britanniques en faveur du « non » au référendum du Brexit.

Elle s’est notamment penchée sur le rôle exercé par l’entreprise Cambridge Analytica, liée au milliardaire américain Robert Mercer, proche de Nigel Farage, le fondateur du parti europhobe UKIP. Celle-ci aurait permis de viser spécifiquement les catégories de population plus à même de voter pour une sortie de l’UE sans avoir signalé son soutien à la Commission électorale, comme l’exige pourtant la loi.

Facebook

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Quant à la question du calendrier, susceptible de provoquer quelques interrogations, Elizabeth Denham plaide un hasard : « Je suis consciente que l’ouverture de cette enquête coïncide avec la campagne en cours avant les législatives. Le timing de cette décision n’est aucunement lié à la campagne en cours. » Elle rappelle au passage avoir envoyé à tous les partis politiques concernés un rappel sur les règles à suivre lors d’une campagne électorale.

Si l’ICO promet de fournir une mise à jour sur l’enquête au cours de l’année, ces élections législatives sont déjà marquées par une attention particulière accordée aux réseaux sociaux et à leur potentiel impact. Une commission parlementaire a ainsi appelé Facebook à renforcer sa lutte contre les fake news, tandis que le réseau social a lui-même voulu montrer sa bonne volonté en publiant un guide de prévention sur le sujet. Fin avril, Facebook a reconnu avoir subi des campagnes de désinformation politique sur sa plateforme pendant l’élection présidentielle américaine.

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