Avec les iPhone 17, Apple avait réussi à garder un secret : la nouvelle caméra frontale des smartphones, qui recourt à un capteur carré, est capable de basculer automatiquement du portrait au paysage et du grand-angle à l’ultra grand-angle. Une prouesse qu’aucune rumeur n’avait anticipé, qui confère aux iPhone des capacités inédites. Il se murmure que de premières copies seraient impossibles avant la fin de l’année 2026, puisque ce type de capteur est encore très rare et que les concurrents d’Apple devront ruser pour imiter les algorithmes de la marque.
Comment Apple a-t-il eu l’idée d’un capteur carré, qui ouvre la porte à une totale réinvention de la photo mobile (et à de nouvelles catégories) ? Numerama s’est entretenu avec Jon McCormack, vice-président de l’ingénierie logicielle pour la photo et la caméra chez Apple et Meghan Nash, cheffe de produit iPhone.
« On ne court ni après les chiffres, ni les fiches techniques » : Apple n’est pas fan de l’approche des smartphones Android
« C’est assez unique d’avoir un capteur carré dans un smartphone », reconnaît Jon McCormack. Dans un monde dominé par les capteurs 4:3, qui obligent l’utilisateur à faire pivoter son appareil pour prendre des photos, Apple a voulu repenser son approche en commençant par le capteur frontal. « Nous avons réalisé que l’iPhone ne sert plus seulement à faire des photos : il sert aussi à communiquer et à créer du contenu », analyse le vice-président de la marque.
Pourquoi un capteur carré ? Apple explique avoir constaté que l’usage du capteur frontal avait évolué avec le temps. Le capteur frontal est utilisé pour se filmer en parlant et pour prendre des photos de groupe, mais manque de stabilisation et de recul. En utilisant un capteur deux fois plus grand, à un format inédit, Apple rend cet usage beaucoup plus polyvalent : « nous nous sommes intéressés à la manière dont les gens utilisent vraiment leur iPhone, souvent à la verticale, souvent en mouvement, et cela nous a conduits au capteur carré », dit Jon McCormack.



Interrogé par Numerama sur l’approche de ses concurrents, qui sont nombreux à adopter des capteurs frontaux de 48, 50 ou 64 Mpix sans changement dans l’expérience utilisateur, Apple n’hésite pas à dénoncer ce qu’il pense être une mauvaise stratégie.
« On ne court ni après les chiffres ni les fiches techniques. Pour prendre une vidéo en 4K, il n’y a pas besoin d’autant de pixels. En photo, ce qui compte, c’est la capacité à capter la lumière, pas le nombre de mégapixels. Nous avons presque doublé la taille du capteur pour avoir des résultats concrets, pas pour gagner une guerre de caractéristiques. », indique Jon McCormack. On peut voir dans son allusion à la 4K une dénonciation à peine voilée de l’enregistrement 8K des concurrents, qu’Apple refuse d’adopter depuis des années.
« En photo, ce qui compte, c’est la capacité à capter la lumière, pas le nombre de mégapixels »
Jon McCormack.
Apple ne le confirme pas, mais il est probable que les « photos 18 Mpix » des iPhone 17 utilisent en réalité un capteur carré de 24 Mpix. C’est le logiciel qui fait une découpe dans l’image, pour toujours obtenir la même qualité. Apple propose ainsi quatre vues sans bouger : grand-angle vertical, grand-angle horizontal, ultra grand-angle vertical et ultra grand-angle horizontal. L’utilisateur ne voit jamais la totalité de ce que « voit » le capteur.

Une des autres forces de l’iPhone 17, selon Jon McCormick, est l’utilisation d’algorithmes spécialement conçus pour le basculement de l’appareil photo : « Il a fallu y réfléchir plusieurs années à l’avance, notamment du côté du silicium. On savait qu’il faudrait gérer beaucoup plus de données depuis la caméra avant, permettre la stabilisation et le double enregistrement en simultané. C’est un projet que nous avons en tête depuis longtemps ».
Le vice-président d’Apple nous explique notamment qu’il ne suffit pas d’utiliser un capteur carré pour faire des miracles, il faut aussi entraîner des intelligences artificielles : « Nous avons passé des mois à ajuster les paramètres — ce que nous appelons en interne le système d’hystérésis léger —, pour que la caméra soit réactive mais pas nerveuse. Si quelqu’un passe derrière vous, elle ne doit pas bouger. Mais si votre ami entre dans le cadre, elle doit s’ajuster en douceur ». C’est sur cet aspect qu’Apple est confiant : la concurrence ne pourra pas le copier rapidement.
« Nous voulions que cette expérience soit disponible pour tous les utilisateurs de la nouvelle gamme, pas seulement pour ceux des modèles Pro »
Meghan Nash
Une nouveauté pour les quatre iPhone, avec un choix imposé par Apple
À en croire Apple, le capteur carré est une de ses plus grandes innovations depuis des années. La marque semble fière de son idée qui pourrait un jour permettre l’éclosion de nouvelles catégories de produits (on imagine évidemment ces capteurs dans des Mac et iPad, mais aussi dans des lunettes).
Une fois n’est pas coutume, Apple est tellement convaincu par son invention qu’il n’a pas souhaité le réserver aux modèles les plus chers : « Tout le monde adore prendre des selfies, nous voulions que cette expérience soit disponible pour tous les utilisateurs de la nouvelle gamme, pas seulement pour ceux des modèles Pro », indique Meghan Nash. Une approche qui le distingue aussi des concurrents : ce sont souvent les modèles Pro ou Ultra de l’univers Android qui ont les plus gros capteurs à l’avant.

Un des mystères de capteur carré, selon nous, est l’impossibilité pour l’utilisateur de faire des photos carrées, au ratio 1:1. « L’objectif était de rendre naturelles les photos et vidéos verticales comme horizontales, pas forcément de produire des images carrées », déclare Jon McCormack. « Le format carré du capteur nous offre cette flexibilité agnostique à l’orientation, tout en conservant des formats familiers pour la composition », ajoute-t-il. Il est difficile de savoir si la possibilité sera débloquée plus tard, ou si la nature du capteur empêche des photos carrées de bonne qualité (les angles pourraient être illisibles).
« Les capteurs carrés sont rares dans l’industrie. Ils coûtent plus cher, prennent plus de place et nécessitent plus de silicium », conclut Meghan Nash. Une bonne occasion pour Apple de rappeler que, derrière l’impression de déjà vu, la marque continue d’avoir des idées innovantes susceptibles de s’imposer mondialement. Il est difficile d’imaginer que Samsung, Oppo ou Xiaomi, dans leurs futurs produits, ne suivront pas l’iPhone 17.
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