La dernière étude du CREDOC sur la diffusion des technologies de l'information et de la communication dans la société française constate une baisse du téléchargement depuis 2008, aussi bien au niveau des films que de la musique. Si des éléments peuvent expliquer cette tendance à la baisse, comme l'explosion des services de streaming et l'arrivée de la loi Hadopi introduisant la riposte graduée, la fiabilité des sondages effectués par le CREDOC peut être remise en question.

Comme chaque année, le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) se penche sur la diffusion des technologies de l'information et de la communication dans la société française, à la demande de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) et du  Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGEIET).

Composé de 290 pages, le rapport (.pdf) balaie en cinq chapitres la téléphonie, l'ordinateur et Internet, la télévision, le temps passé devant les écrans et enfin le fossé numérique et les différences d'usages d'Internet. Et parce que le téléchargement est une pratique sociale bien ancrée chez de nombreux internautes, le CREDOC s'est naturellement intéressé à la question du piratage.

Baisse puis stabilisation du téléchargement

De prime abord, l'étude a de quoi surprendre : elle constate une baisse des téléchargements, aussi bien dans la musique que dans le cinéma. Après une hausse entre entre 2005 et 2008, le téléchargement de musique aurait enregistré une baisse entre 2008 et 2010. Ces deux dernières années cependant, une relative stabilité a été observée par le CREDOC.

Est-ce à dire que le téléchargement, après avoir connu une période faste, est entré dans une phase de déclin relatif ? À cette question, le CREDOC n'apporte pas de réponse spécifique. Cependant, le rapport met en lumière la progression des services de streaming entre 2010 et 2012, aussi bien dans le domaine de la musique que dans celui du cinéma.

Evolution des usages…

L'émergence de services comme Deezer, Spotify ou Jiwa n'est évidemment pas étranger à cette évolution des usages. Proposant un accès gratuit adossé à des formules payantes fournissant des fonctionnalités supplémentaires, ces plates-formes ont attiré à elles nombre d'internautes lassés d'arpenter les réseaux P2P et les sites de téléchargement direct à la recherche d'albums et de singles à écouter.

Ce phénomène peut également se retrouver dans le champ du cinéma, même si les services accessibles en France sont moins nombreux. La baisse du téléchargement est à rapprocher de la montée en puissance des offres légales vendues ou proposées gratuitement sur YouTube, Dailymotion ou Vimeo. Et l'arrivée prochaine d'autres sites spécialisés pourrait accentuer cette tendance.

…effet du gendarme Hadopi…

L'explosion des services de streaming n'explique pas tout. La baisse enregistrée entre 2008 et 2010 coïncide avec les travaux de la mission Olivennes, qui aboutiront fin 2007 aux accords de l'Élysée. Deux ans plus tard, en 2009 la loi Hadopi entre en vigueur, donne naissance à la Haute Autorité et institue un volet de riposte graduée chargé de lutter contre le piratage sur les réseaux P2P.

…et fiabilité du sondage

Cependant, si la peur du "gendarme Hadopi" et le développement des offres légales en streaming sont des explications possibles, l'étude du CREDOC sur les téléchargements doit être prise avec des pincettes. Il s'agit en effet d'un rapport qui s'appuie sur des sondages déclaratifs. Or, quelle fiabilité faut-il accorder à des études déclaratives cherchant à mesurer une pratique qui, aux yeux de la loi, est illicite ?

Il n'est pas du tout sûr que les sondés aient tous répondu honnêtement, dans la mesure où les activités illégales sont rarement clamées sur tous les toits. Ce sont des attitudes qui sont généralement tues, ce qui jette un voile sur la fiabilité des statistiques rapportées par le CREDOC. Face à une question demandant s'ils font une chose illégale, le sondé peut vouloir faire preuve de prudence et mentir.

Ce qui peut expliquer la baisse de téléchargements déclarés.

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