Est-ce raisonnable, à l'ère d'internet où l'anglais s'impose comme langue universelle, d'accorder l'exclusivité de l'utilisation d'un terme générique anglophone dans les pays qui parlent d'autres langues ?

Qui n'a jamais joué à l'un des ce jeux qui demandent de retourner des cartes pour retrouver, de mémoire, les cartes qui constituent une paire ? Le concept est d'une grande simplicité et comme tout concept basique, n'est pas en lui-même protégé par le droit d'auteur. Mais Ravensburger a trouvé l'astuce. Tous les jeux inspirés de la même idée ont un point commun : ils font tous appel à la "mémoire". L'éditeur allemand a donc appelé son propre jeu "mémoire", ou plutôt "memory", et a obtenu que le nom commun anglophone soit déposé comme une marque exclusive dans 42 pays, dont la France.

La liste des pays dans lesquels Ravensburger a l'exclusivité du mot "memory" dans les jeux ne comprend aucun pays anglophone (ni USA, ni Grande-Bretagne, ni Inde, ni Australie, ni Canada…), certainement parce qu'il n'est pas possible d'y déposer un mot générique comme marque. Mais sur Internet, et notamment sur l'App Store, les éditeurs du monde entier veulent intituler leurs jeux avec un titre aussi universel que possible, et choisissent donc logiquement d'utiliser l'anglais plutôt que leur langue maternelle.

Nombreux sont donc les éditeurs d'applications qui proposent des jeux de mémoire et qui utilisent le mot "memory" pour permettre aux internautes du monde entier de les trouver.

Or, Gamasutra indique qu'à la demande de Ravensburger, Apple a contacté les développeurs de jeux qui utilisent le mot "memory" et leur a demandé de changer le nom de leur application. L'un des éditeurs contactés raconte qu'il a dû supprimer son jeu dans les 42 pays concernés, en attendant de changer son titre (ce qui demande de modifier l'application elle-même, partout où apparaît l'ancien titre).

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