YouTube vient de dévoiler un rapport qui montre une explosion du visionnage de vidéos politiques depuis le début des primaires américaines. Les internautes ont regardé 100 fois plus de contenus sur YouTube qu’il n’en a été diffusé sur les chaînes de télévision. Et le site devient un support publicitaire pour les candidats.

La surprise de cette campagne américaine pour la présidence se situe évidemment du côté de ses candidats, et en particulier de Donal Trump qui surprend le monde entier. Mais c’est aussi, et c’est une première, une campagne dont la majorité du contenu politique est vu sur YouTube.

En effet, la plateforme vient de sortir un rapport (.pdf) montrant, chiffres à l’appui, que les américains consomment désormais plus de médias en relation avec l’élection sur la plateforme de vidéos que sur les chaînes de télévision américaines. Google chiffre à 100 fois plus de contenus vus par les internautes que de contenus diffusés par les grandes chaînes d’information.

un tournant générationnel

Beaucoup d’analystes prédisent que le tournant de la campagne se fera avec le vote de la jeunesse, qui s’investit beaucoup derrière Bernie Sanders et Donald Trump notamment. Mais qui, plus largement, a un regain d’intérêt pour la politique. Les millenials sont pleinement engagés dans l’élection et forgent leur avis sur les candidats en ligne et sur YouTube. Ainsi, 59% des consommateurs de vidéos reliées à l’élection ont moins de 35 ans.

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une surprise au milieu du trafic

YouTube évoque depuis avril 2015 une augmentation du trafic de 485 % pour les vidéos liées à la présidentielle et aux primaires. La politique entre ainsi au cœur du trafic de YouTube, plus habitué en temps normal à une consommation de divertissements plus légers que la présidentielle.

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Mais l’habitude aidant, l’internaute aura de plus en plus le réflexe d’aller s’informer sur YouTube plutôt que sur les chaînes de télévision traditionnelle. La tendance existait déjà, mais elle s’accélère.

Or ça n’est pas neutre sur le plan politique. L’internaute a naturellement tendance à aller rechercher à un moment T une information précise sur une position d’un candidat en particulier. Il devient nécessaire de se positionner clairement, dans des vidéos que les soutiens d’une cause peuvent faire circuler. Ainsi, on peut observer derrière les graphiques les préoccupations majeures des électeurs républicains et démocrates.

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Dans son rapport, YouTube compte plus de 110 millions d’heures de vidéos politiques vues jusque là aux États-Unis. Soit 110 millions d’heures de réflexions et d’interrogations des internautes qui auront assurément un impact sur le vote.

un nouveau business : la publicité politique

Mais si Google publie ce rapport, ce n’est pas seulement pour qu’on puisse commenter sa toute puissance dans la diffusion des médiums politiques. C’est aussi, à l’américaine, pour encourager une nouvelle source de revenus : la publicité politique.

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Avec une explosion de l’ordre de 294 % de la publicité à visée politique sur la plateforme, YouTube peut tout à fait se targuer d’être un nouvel enjeu pour la communication électorale. C’est même un prérequis nécessaire pour s’imposer dans les mémoires des internautes et pouvoir intéresser l’électeur à un candidat.

A l’instar des NationBuilder et autre CMS dédié à la politique, la publicité sur les réseaux sociaux et sur YouTube devient un investissement nécessaire à tout candidat à la présidentielle américaine. Et celui qui n’a pas les fonds devient plus illisible que jamais.

La même tendance s’observe aussi en France, à moindre échelle. Il faudra attendre que la campagne présidentielle française soit réellement lancée pour analyser l’évolution du trafic. Mais les lignes sont déjà en train de changer, notamment à gauche, où des YouTubers ont relayé et clairement amplifié la mobilisation contre le gouvernement et la Loi Travail.

Or l’utilisation de YouTube et d’autres médias sociaux pour la campagne politique pose de nouvelles questions, notamment d’encadrement des temps de parole, totalement désuets à l’heure des replays en ligne et des partages entre amis et militants. Faut-il continuer à les réguler, totalement déréguler, ou inventer autre chose dans une démocratie renouvelée ? Le débat est ouvert.

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