L’inclusion des verrous numériques (DRM) dans le nouveau standard du web provoque toujours de fortes controverses. Des partisans d’un Internet libre et ouvert ont ainsi organisé une manifestation pour s’opposer aux DRM en HTML5.

La perspective de voir apparaître des verrous numériques dans les standards du web, le tout sous l’égide de Worldwide Web Consortium (W3C), continue de déchaîner de vives passions au sein des partisans d’un net libre et ouvert. Preuve en est avec cette manifestation qui a eu lieu lundi à Cambridge, dans le Massachusetts, à l’appel de la Free Software Foundation (FSF), une ONG très en pointe contre les DRM.

DRM EFF FSF

Sur les pancartes des manifestants, des appels à supprimer les mesures techniques de protection (MTP ou DRM en anglais, pour digital rights management) pouvaient être lus, comme « Digital Restrictions Management » ou « DRM is bad for education », certains portés par des participants revêtus du masque de Guy Fawkes, qui est un symbole du mouvement Anonymous.

Un message défendant la position de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), une ONG spécialisée dans la défense de la liberté d’expression sur la toile, était également visible.

« Les DRM sont mauvais et le W3C ne devrait pas les recommander, surtout maintenant que Flash et Silverlight ne sont plus là, mais le W3C peut reconnaître au minimum l’EME pour donner une protection juridique à l’analyse scientifique du CDM [ module de chiffrement de contenu  – Content Decryption Module], comme le suggère l’EFF. Ne faites pas du DRM une recommandation officielle du W3C », pouvait-on lire sur la pancarte.

Ne faites pas du DRM une recommandation officielle du W3C

Cette mobilisation, qui s’est déroulée alors qu’avait lieu au même moment une réunion du comité consultatif du W3C, s’inscrit dans le cadre de la décision prise en février 2013 par l’organisme de standardisation de commencer à plancher sur l’écriture des spécifications de DRM en HTML5, afin de rendre impossible l’enregistrement de vidéos vues depuis un navigateur web, sans avoir besoin de recourir à des modules propriétaires comme QuickTime ou Windows Media.

Ce travail a marqué un tournant dans l’histoire des standards du web, puisque le W3C a fait le choix de rompre avec ses principes visant à favoriser le développement d’un web ouvert et transparent.

DRM FSF EFF

En l’espèce, le projet s’appuie sur deux ajouts dans le standard HTML5 formalisé fin 2012  : les extensions pour médias chiffrés (Encrypted Media Extensions, EME), qui fournissent des API permettant de contrôler le chiffrement des contenus la lecture d’un média intégré à une page web HTML, et les extensions pour sources de médias (Media Source Extensions, MSE) qui permettent d’utiliser JavaScript pour générer des flux de médias.

Pour des organisations comme l’EFF et la FSF, l’arrivée des DRM en HTML5 représente une grave menace pour le web, à tel point que la première ONG a même déposé une objection formelle en 2013. Les associations craignent en effet que cette ouverture aux verrous numériques ne donne un trop grand pouvoir aux médias, qui pourront alors imposer leur volonté sur l’usage et l’accès aux contenus.


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