C’est une nouvelle de taille : à Paris, les clients d’Uber peuvent désormais commander des taxis directement sur l’app. Un symbole énorme qui ne plaît pas à tous.

Les chauffeurs VTC ne sont plus les seuls en activité sur Uber : à partir d’aujourd’hui, le 12 octobre 2022, on peut également commander des taxis sur l’app. L’option n’est disponible qu’à Paris, et pour l’instant, seuls 500 chauffeurs de taxi indépendants participent au projet — même si Uber espère prochainement en accueillir beaucoup plus.

C’est « un lancement historique pour la plateforme qui a fêté ses 10 ans en France l’année dernière », selon l’app, dans un communiqué adressé par mail à Numerama. Il s’agit surtout d’un symbole très fort pour Uber, longtemps critiqué par les chauffeurs de taxi, et d’une nouveauté que les chauffeurs de VTC n’apprécient pas forcément.

Les taxis arrivent sur Uber // Source : Humphrey Muleba / Unsplash
Les taxis arrivent sur Uber. // Source : Humphrey Muleba / Unsplash

Les taxis dans Uber, tout un symbole

L’option de commande de taxi est d’ores et déjà disponible à Paris, comme Numerama a pu le vérifier. Pour prendre une course avec un taxi, c’est très simple : les premières étapes sont les mêmes que pour une course normale. Après avoir indiqué l’adresse de départ et celle de destination, il vous faut choisir le type de voiture et de chauffeur que vous voulez. C’est à ce moment-là qu’il faut scroller vers le bas pour voir toutes les options, et que celle avec le taxi apparait.

L'option pour commander un taxi avec l'app Uber // Source : Capture d'écran Numerama
L’option pour commander un taxi avec l’app Uber. // Source : Capture d’écran Numerama

Le prix des courses en taxi sera le même sur Uber que si vous aviez hélé le véhicule dans la rue : le tarif est calculé par le taximètre au taux habituel, ce qui explique pourquoi c’est une fourchette de prix qui s’affiche, et non pas un montant précis. « Grâce à l’accès aux couloirs de bus, certaines courses Uber Taxi bénéficieront d’un temps de trajet réduit », précise également Uber dans son communiqué de presse.

L’option était déjà disponible depuis quelque temps aux États-Unis, à New York et à San Francisco, ainsi qu’en Europe, notamment à Berlin et à Barcelone. À Paris, l’arrivée de cette offre est la preuve que « les taxis sont très favorables à cette idée », selon la porte-parole d’Uber, jointe par Numerama. « Il y avait un accueil très favorable de la proposition, donc on voit qu’il y a une vraie demande. »

Les premières courses ont été effectuées dans la nuit du 11 au 12 octobre, indique la porte-parole, et des taxis ont été demandés. « La demande est très forte pour ce type trajets, c’est la preuve qu’il y a largement de quoi faire pour tout le monde, pour les Uber et les taxis, indique-t-elle. On est optimiste sur le fait de rallier plus de taxis dans le futur. Comme c’est un tarif au taximètre, ce sont des règles et des fonctionnements qu’ils connaissent bien. Cela fait 10 ans que l’on est en France maintenant, et l’on voit bien qu’Uber n’a pas porté préjudice aux taxis. »

Un « attrape-nigaud », selon le syndicat des VTC

Uber vante également sa technologie de mise en relation, « une opportunité pour tous les chauffeurs de taxi indépendants [pour] passer moins de temps à chercher des passagers ou à attendre dans les stations de taxis, et plus de temps en course avec un passager dans leur véhicule ». Autre avantage, selon la porte-parole d’Uber : les clients internationaux. « Quand ils arrivent en France, ils n’ont pas les apps de taxis locaux : ils ont Uber sur leur téléphone, donc c’est avec nous qu’ils vont commander. Pour les taxis, c’est très intéressant. »

Mais, pour Brahim Ben Ali, le président du syndicat des VTC, il s’agit plutôt d’un « attrape-nigaud ». « Cela met en concurrence deux acteurs dans un secteur déjà sinistré, et dans lequel les VTC ont déjà du mal, rappelle-t-il. Il y a une pénurie de chauffeurs aujourd’hui, du coup Uber essaye de recruter des taxis alors qu’il y a quelques années, c’étaient les premiers à les dénigrer. »

Il estime même que cela s’apparente à de la « concurrence déloyale ». « Quand il y a beaucoup de demandes, les prix des VTC sont majorés, ce qui ne sera pas le cas pour les taxis. Avec l’arrivée des taxis sur l’app, je peux vous dire que le chiffre d’affaires des VTC va s’effondrer. »

Il faut rajouter à cela les divers projets de requalification en CDI des travailleurs indépendants, ce à quoi Uber s’oppose fortement. « Uber a tout intérêt à travailler avec des taxis, et ils vont tout faire pour qu’ils restent en indépendants. » Et, finalement, selon Brahim Ben Ali, « les grands perdants, ce sont les VTC ».


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