Le consortium Coral, formé entre autres par Hewlett Packard, Samsung, Sony et Twentieth Century Fox, a mis à jour les spécifications de son standard d’interopérabilité des DRM. Un standard totalement inutile en l’absence des deux plus grands acteurs.

L’interopérabilité des formats et des systèmes de gestion des droits numériques (DRM) est vue par l’industrie comme un enjeu majeur pour le développement de l’offre légale, et surtout de la demande. Elle qui feigne d’oublier que le MP3 s’est déjà installé en standard depuis longtemps, veut encore croire que les DRM sont la voie obligatoire de la culture payante. Mais actuellement un morceau de musique acheté avec DRM sur une plateforme légale peut ne pas être lu sur un appareil prévu pour une autre plateforme. L’exemple typique est celui d’Apple, qui vend des fichiers AAC/FairPlay qui ne peuvent être lus que sur un iPod. Les fichiers WMA de Microsoft, inversement, ne pourront pas être lus sur un baladeur d’Apple, mais uniquement sur les baladeurs compatibles Windows Media. Ces contraintes freinent considérablement le marché de la musique et de la vidéo en ligne, et elles constituent une véritable bombe à retardement qui explosera lorsque les consommateurs réaliseront demain qu’ils se sont, en payant, engouffrés dans un piège industriel.

Depuis octobre 2004, un consortium baptisé Coral tente de régler le problème de la non-interopérabilité des DRM et des formats musicaux. Son but est « de livrer un standard ouvert, volontaire pour l’interopérabilité entre les technologies de gestion des droits numériques (DRM) pour les appareils des consommateurs et les services« . Elle établie ainsi des spécifications techniques que l’industrie aura tout loisir d’adopter ou non.

Un consortium destiné à échouer
Récemment, Coral a annoncé la sortie de nouvelles spécifications. « Cette version permettra aux fabricants d’appareils et aux fournisseurs de services de donner au consommateur le pouvoir le localiser et de jouer facilement le contenu de tous leurs appareils, sans avoir à se battre avec les détails techniques tels que les différents DRMs des services et les formats des médias« , explique le consortium. Coral n’a pas encore dévoilé ces spécifications au public, mais il espère le faire cette année.

Pourtant, Coral est d’ores-et-déjà destiné à l’échec. Même s’il se félicite de l’arrivée en ses rangs de nouveaux membres de prestige comme AOL, Cisco, Motorola, LG Electronics ou encore la MPAA, il manque à l’appel les deux fournisseurs des technologies de DRM les plus vendues actuellement : Microsoft et Apple.

Les deux géants de l’informatique voient la non-interopérabilité de leurs DRM comme un avantage stratégique essentiel, et aucun n’est prêt à assurer la compatibilité de son format avec celui du concurrent.

Or sans la participation d’Apple et Microsoft, l’interopérabilité des DRM restera un fantasme d’industriels naïfs.


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