Eric Schmidt ne ressent aucune honte à limiter au maximum le versement d'impôts dans les pays où sa société Google travaille. Au contraire, le patron de la firme de Mountain View se félicite de mettre en pratique "le capitalisme".

S'il n'était pas assez clair que Google est américain et défend la vision la plus libérale qui puisse exister de l'économie mondialisée, voilà qui devrait mettre fin à toute subsistance de doute. Alors que Google est pris pour cible notamment par le fisc français, italien, et par les autorités de Grande-Bretagne, qui lui reprochent à lui comme à d'autres une optimisation fiscale au caractère particulièrement indécent, Eric Schmidt a défendu avec le plus grand cynisme le montage financier qui permet à sa société d'échapper à une très grande part de son imposition.

"Je suis très fier de la structure que nous avons mise en place", a-t-il confié à Bloomberg. "Nous l'avons fait en nous basant sur les incitations que les gouvernements nous ont proposées pour établir nos activités".

"Cela s'appelle le capitalisme. Nous sommes fièrement capitalistes. Je n'ai aucune gêne à ce sujet".

Selon des informations du Canard Enchaîné, qui a très ostensiblement bénéficié d'une fuite organisée, le fisc en France demanderait à Google de payer 1,7 milliard d'euros d'impôts avec pénalités. En 2011, Google France n'a versé que 5,5 millions d'euros d'impôts sur les sociétés, pour un chiffre d'affaires réalisé sur le territoire estimé autour de 1,3 milliards de dollars. 

En Grande-Bretagne, où la grogne est au moins aussi forte qu'en France, Google a payé environ 6 millions de livres sterling d'impôts annuels, alors qu'il s'agit du deuxième plus gros marché mondial pour la firme.

Le double sandwich irlandais et hollandais

Pour réduire au maximum son imposition, et éviter ainsi d'aider les pays où il travaille à financer les infrastructures et les services publics nécessaires à la collectivité, Google déclare l'essentiel de ses activités commerciales dans des filiales irlandaises et néerlandaises qui font remonter les bénéfices vers les Bermudes. C'est le fameux schéma du "double sandwich irlandais et hollandais".

Dans un premier temps, Google fait remonter ses activités commerciales européennes vers une filiale basée en Irlande. Puis, pour éviter d'être imposé en Irlande, Google renvoie ce chiffre d'affaires vers une filiale sans employés basée aux Pays-Bas, dont la seule fonction est de renvoyer à nouveau les fonds vers l'Irlande, où se trouve une filiale domiciliée fiscalement dans les Bermudes. Enfin, les revenus sont rapatriés vers les Etats-Unis, avec une fiscalité très avantageuse s'agissant de bénéfices réalisés à l'étranger.

Selon Bloomberg, Google aurait ainsi échappé à une imposition de 2 milliards de dollars, en faisant transiter 9,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires jusqu'à une filiale établie fiscalement dans les Bermudes, où il n'existe quasiment pas de taxe sur les sociétés.


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