Le ministère de la Transition numérique espagnol fait marche arrière, et annule un contrat de plus de 10 millions d’euros destiné à rénover son réseau de fibre optique. Le 29 août 2025, le porte-parole du gouvernement a invoqué des « motifs de stratégie numérique et d’autonomie technologique » pour justifier cette décision, rapporte El País.
Pourtant, c’est bien à une entreprise espagnole qu’avait été confié le projet quatre jours plus tôt. Telefónica était alors chargé de l’installation d’équipements de nouvelle génération sur un réseau de fibre optique publique de plus de 16 000 kilomètres, couvrant tout le territoire espagnol.
Cette infrastructure, nommée RedIris, dessert principalement le Réseau national de la recherche et de l’éducation espagnol, connectant environ 5 millions de professionnels. Le réseau assure également certains services stratégiques, notamment pour le ministère de la Défense.
Pour ce projet, Telefonica misait sur l’utilisation d’équipements de la marque Huawei, une caractéristique qui semble avoir provoqué l’annulation du contrat.
Un changement de stratégie
Pour ce contrat, les négociations n’avaient lieu qu’entre Telefonica et Red.es, l’entreprise publique chargée de l’attribution du projet.
En effet, il ne s’agissait que d’un renouvellement. En 2020, la multinationale espagnole de télécommunication avait déjà été chargée du renforcement du réseau. À cette époque, Telefonica avait équipé RedIRIS de dispositifs Huawei sans que les responsables politiques n’y voient d’objections.
Désormais, les autorités espagnoles semblent vouloir adopter une nouvelle approche comme l’évoque le porte-parole du gouvernement : « Le contrat est annulé en raison d’un changement de stratégie. Nous procéderons à l’élaboration et à la publication d’un nouveau contrat pour renouveler l’équipement du réseau RedIRIS avec un nouveau matériel, car l’actuel arrive à la fin de son cycle de vie. »
L’ombre du cyberespionnage chinois
Ce revirement soudain s’inscrit dans un contexte de suspicions croissantes envers les matériels chinois, considérés comme une menace potentielle pour la cybersécurité des infrastructures occidentales.
Les États-Unis cherchent d’ailleurs à bannir toute technologie chinoise des câbles sous-marins reliant leur territoire au reste du monde.
L’entreprise Huawei est aujourd’hui interdite sur la plupart des réseaux 5G de l’Union européenne, et si l’Espagne n’a pas imposé de telles restrictions, les autorités demeurent vigilantes.
En août 2025, les services de renseignement espagnols figuraient parmi plus d’une douzaine d’alliés à avoir mis en garde entreprises et organisations occidentales contre l’implication de certaines entreprises chinoises dans des campagnes de cyberespionnage mondiales.
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