C’est une réponse technique à une nuisance quotidienne. Depuis le début de l’année 2025, la plateforme « J’alerte l’Arcep », qui permet de remonter des problèmes au régulateur des télécoms, a réceptionné près de 18 000 signalements liés à une usurpation de numéro de téléphone — le spoofing téléphonique.
Le scénario est généralement le suivant : votre téléphone sonne, un numéro mobile français s’affiche (en 06 ou 07), vous décrochez en confiance, mais vous tombez sur une arnaque au faux conseiller bancaire ou à la rénovation énergétique pilotée depuis l’étranger. Exaspérant, surtout si on se fait avoir en bout de course. Mais les choses vont changer.
Dans une décision publiée le 2 décembre 2025, le régulateur des télécoms a en effet présenté un durcissement des règles du jeu pour restaurer la confiance dans les numéros qui s’affichent sur nos écrans.
Un souci lié au fonctionnement des réseaux téléphoniques
À l’origine du pépin, la façon de fonctionner des réseaux téléphoniques : quand un appel arrive en France depuis l’étranger, il transite par des passerelles d’interconnexion qui, jusqu’ici, transmettaient le numéro sans vraiment contrôler son origine. C’était une aubaine pour des personnes malveillantes capables de se présenter à la victime avec un numéro en 06 ou 07, tout ce qu’il y a de plus familier.
Pour contrer cela, les opérateurs français ont mis en place un mécanisme d’authentification des numéros (MAN).
Mais il y a un hic : la communication avec les réseaux étrangers. Aujourd’hui, quand un abonné français appelle depuis l’Espagne ou l’Italie, en itinérance, le réseau étranger ne gère pas toujours correctement ce dispositif. Résultat : techniquement, l’opérateur en France reçoit un appel affichant un 06, mais sans la signature numérique qui atteste qu’il s’agit bien de son client. Il est alors impossible de distinguer un touriste français à Madrid d’un escroc.
Le sens de la mention « numéro masqué » va changer
D’où ce changement de braquet, dès l’an prochain, afin que le doute ne profite plus à l’appelant.
Ainsi, si un appel provient de l’étranger avec un numéro mobile français et que la « chaîne de confiance » technique est rompue (absence de signature d’authentification, dans le cadre du MAN), le numéro ne s’affichera plus. L’appelant apparaîtra en « Numéro masqué ». De fait, le sens de la mention va changer : ce ne sera plus juste des gens désirant cacher leur numéro pour une raison ou pour une autre. Ce sera aussi le signe que cet appel reçu est possiblement douteux.
Ce changement à des fins de sécurité profite aussi d’une attitude de plus en plus répandue dans la population : les Françaises et les Français se méfient davantage des numéros masqués que des numéros en 06 et 07. Ainsi, ils sont psychologiquement moins enclins à décrocher.
Dès lors, en forçant cet affichage pour tous les appels non certifiés (qu’ils soient frauduleux ou techniquement invérifiables), l’autorité de régulation des télécoms espère réduire drastiquement l’efficacité des campagnes de démarchage frauduleux.
Une période de transition pour l’itinérance
D’ores et déjà, les opérateurs sont mobilisés pour déployer les protocoles techniques permettant de s’assurer de l’authenticité du numéro d’un de leurs abonnés en itinérance, c’est-à-dire quand ils se trouvent hors de France.
Dans l’intervalle, et jusqu’à la bascule complète, les appels avec numéros mobiles non authentifiés provenant de l’étranger légitimes et illégitimes continueront à cohabiter. Mais selon l’Arcep, le plus gros sera traité dès la fin de l’année 2025. Selon ses projections, 80 % des appels légitimes en itinérance seront correctement authentifiés.
Quant aux 20 % restants, ce sera le principe de précaution qui prévaudra : l’appel passera, mais le numéro sera caché. Jusqu’à la transition complète.
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