Poco. Deux syllabes qui font trembler la planète smartphone depuis la fin du mois d’août. Lancée par Xiaomi, cette nouvelle marque entre dans une stratégie que l’on pourrait qualifier de terre brûlée sur le marché des smartphones : lancer des tas d’appareils à des prix défiant toute concurrence pour empêcher la concurrence de construire une offre. Le 27 août, le Pocophone F1 a été officialisé pour la France : il sera disponible en septembre 2018 et sera vendu au prix plancher de 329 euros au lancement, 359 ensuite.
Et si le Pocophone fascine aujourd’hui, c’est qu’il embarque les derniers composants à la mode dans la galaxie Android : un processeur Snapdragon 845, 6 Go de RAM et un GPU Adreno 630. Le smartphone vient avec l’encoche empruntée à l’iPhone X et un écran IPS de 6,18 pouces défini en 2 246 x 1 080 pixels. Avec une batterie de 4 000 mAh pour compléter le tableau, le Pocophone F1 a tout pour durer — les différents tests de nos confrères anglophones qui ont eu le smartphone en main montrent en effet que la durée de vie sur batterie est exceptionnelle.
Cette fiche technique vous rappelle-t-elle quelque chose ? C’est, à quelques détails près, celle du OnePlus 6, déjà présenté comme un flagship killer par la presse spécialisée, dans la mesure où le smartphone embarque des composants haut de gamme à un prix public conseillé de 519 €. Ce qui est 190 € de plus que le Pocophone F1 de Xiaomi. Mais c’est aussi la fiche technique du Xiaomi Mi8 de Xiaomi — maison-mère de Poco — et du Oppo Find X, joyau hors de prix de la quatrième marque chinoise qui embarque un mécanisme qui semble lui faire plus de mal que de bien, d’après les premiers tests.
Ce qui se joue en coulisses, c’est une guerre entre deux constructeurs chinois : le duo Oppo / OnePlus (ce que les deux marques nient publiquement, sans apporter par ailleurs de preuve appuyant leur position) d’un côté et Xiaomi / Poco de l’autre. Oppo a commencé par lancer sa marque OnePlus en France, avec le succès d’estime que l’on connaît : elle est devenue la marque préférée des technophiles, sans compromis sur le matériel et avec un prix plancher. Xiaomi a longtemps été l’enfant turbulent en Asie, commercialisant uniquement ses smartphones en Chine et en Inde. Ce n’est que par en engouement du grand public et une volonté de s’étendre que cette jeune pousse talentueuse s’est lancée en Europe. Aujourd’hui, avec Poco, elle marche dans les pas d’Oppo avec OnePlus… en coupant l’herbe sous les pieds de son concurrent.
Car on a du mal à voir sur le papier, à part la fidélité à une marque et le design, ce qui pourrait avantager OnePlus par rapport à Poco. Le F1 est lancé à un prix imbattable et cumule tous les avantages du OnePlus 6, avec à peu près les mêmes inconvénients (appareil photo moyen, interface maison qui peut rebuter, etc.). Sa commercialisation en France en fera également un smartphone qui bénéficiera de la garantie locale de deux ans.
En pratique, en revanche, c’est une tout autre histoire. À l’ère du durable, on se demande à quel point le Pocophone F1 saura résister au temps qui passe et aux aléas de la vie. Aligner les composants haut de gamme est une chose, le faire savamment pour que des smartphones aient une durée de vie convenable en est une autre. Mais il est clair, aujourd’hui, que Poco a joué l’atout porte-monnaie volé à OnePlus qui a décidé de vendre son modèle de 2018 au-dessus de la barre symbolique des 500 €. Le verdict se trouvera dans les tests.
Une chose est sûre : les concurrents de ces deux géants chinois, qu’on les nomme Wiko ou Honor, vont être les dommages collatéraux de cette guerre, vendant en France des smartphones moins bien équipés… et plus chers. Le très haut de gamme d’Apple, Huawei ou Samsung, confortablement installé, a moins de souci à se faire, continuant sa percée avec des smartphones plus chers venant combler sans mal les quelques lacunes de ces nouveaux arrivants.
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