Il est 9 heures passées lorsque nous empruntons la rue Kanalstraße de Berlin, et que nous apercevons un immense bâtiment blanc. Ce centre est celui de l’entreprise reBuy : entre ses murs, des centaines de milliers de produits d’occasion s’entassent dans un hangar vertigineux, dans l’attente d’une seconde vie.
Le 31 mai 2018, la rédaction de Numerama a été invitée à pousser la porte de reBuy. Si vous avez fait un tour sur Instagram ce jour-là, vous avez d’ailleurs pu suivre en direct cette visite dans notre Story. Pendant une journée, nous avons arpenté le centre, et découvert comment cette startup fondée en 2004 est devenue une spécialiste du reconditionnement des produits électroniques.
À l’origine, un site dédié aux jeux vidéo
Sur place, nous sommes accueilli par Tim Fronzek, le COO et l’un des cofondateurs de l’entreprise. Nous enfilons le gilet orange de rigueur pour les visiteurs de l’usine, avant de suivre notre guide à l’intérieur du centre. Laetitia du Paty, manager chargée du marché français chez reBuy, ferme la marche pour nous préciser les spécificités des reconditionnements destinés au territoire hexagonal.
Avant d’explorer l’entreprise, son COO nous donne quelques éléments de contexte. reBuy est née en 2004 dans l’esprit de ses cinq fondateurs allemands. Encore étudiants à l’université, ils créent alors le site « trade-a-game.de », grâce auquel ils imaginent un jour pouvoir reconditionner des produits de jeu vidéo.
3 millions de produits stockés
En 2009, alors que la startup a posé ses valises à Berlin depuis trois ans, les entrepreneurs décident d’ajouter de nouvelles catégories à leur site. Aujourd’hui, reBuy distingue deux types de produits : les média (jeux vidéo, livres, DVD, CD, logiciels) et les produits électroniques. Parmi eux, reBuy reconditionne des smartphones, des tablettes, des consoles de jeux vidéo, des MacBooks, des appareils photo, des casques audio et des montres ou bracelets connectés.
Aujourd’hui, l’entreprise revendique plus de 5 millions de consommateurs, et plus de 3 millions de produits stockés dans ses locaux. reBuy nous explique qu’entre 55 et 60 % de ses ventes concernent désormais des biens électroniques — le reste appartenant à la catégorie des média.
L’électronique occupe plus de la moitié des ventes
Pour comprendre le modèle économique de reBuy, il suffit de le comparer à ce qu’il n’est pas. Philipp Gattner, le CSO de reBuy, évoque les exemples d’Amazon et d’eBay. Chez Amazon, le modèle est celui du « B to C », autrement dit de l’entreprise vers le consommateur. Quant à eBay, la plateforme favorise les échanges en « C to C », entre les consommateurs eux-mêmes.
« reBuy propose encore quelque chose de différent : du consommateur, à l’entreprise, vers le consommateur. Autrement dit, ‘C to B to C‘, nous explique Philipp Gattner. Nous achetons des produits que nous envoient des consommateurs individuels, nous les reconditionnons, avant de les revendre à d’autres consommateurs. »
C’est probablement pour cette raison que les différents pôles du centre sont faciles à identifier, lorsque l’on pénètre dans le vaste hangar. À chacun correspond une étape du traitement des produits. Nous commençons logiquement par celle de la réception des biens que les consommateurs proposent de vendre à reBuy.
Concernant l’électronique, il n’est pas possible d’envoyer n’importe quel produit à l’entreprise : celui-ci doit figurer dans une liste de marques et d’objects listés sur le site de reBuy.
Une évaluation en 35 questions
Sur le site, ces vendeurs doivent répondre à cinq questions, afin d’identifier dans quel état se trouve le produit qu’ils envoient. « Notre propre logiciel, que nous avons développé en interne, contient un questionnaire de 35 questions, nous indique Tim Fronzek. Nous le remplissons en vérifiant les fonctionnalités et la propreté de l’appareil, pour s’assurer que le produit est conforme à la description. Cela nous permet déjà d’anticiper les futures attentes du client qui pourrait vouloir racheter ce produit. »
Les employés de reBuy consacrent une dizaine de minutes à cette évaluation. Dans les deux jours suivant la réception, l’entreprise nous explique qu’elle propose un prix au consommateur. « Si le prix ne correspond pas à l’évaluation du client, on lui en propose un autre. Si cela ne lui convient pas, le produit lui est renvoyé gratuitement. Les produits quasiment neufs sont stockés, les autres partent en reconditionnement », résume Laetitia du Paty.
En fonction du sort qui les attend, les produits sont recouverts de codes barres permettant de les identifier. Ils trouvent ensuite une place dans les rayonnages du centre, en attendant d’être expédiés.
Dans le centre berlinois, la majorité du stockage concerne les produits de type « médias » : reBuy délocalise en effet progressivement le reconditionnement des produits électroniques vers la Pologne. Depuis un mois, ils sont expédiés chaque jour dans un centre logistique installé à Poznań, à deux heures de Berlin — que nous n’avons malheureusement pas pu visiter. Néanmoins, un espace réduit du centre de Berlin accueille encore quelques smartphones et tablettes.
Le reconditionnement électronique est délocalisé en Pologne
« Notre objectif est de renvoyer un produit électronique 100 % fonctionnel, lavé et remis en état, insiste Tim Fronzek en nous menant dans cette zone. Il y a certains éléments que nous ne pouvons pas réparer, comme le bouton de l’iPhone. Pour l’électronique, nous récupérons les pièces d’origines sur d’autres appareils. »
Nous passons la porte d’une petite pièce, sensiblement refroidie par rapport au reste du centre. Ici, quelques informaticiens sont en plein travail ; l’un d’eux s’attache à démonter un smartphone Samsung. En allemand, il nous explique que le reconditionnement d’un appareil électronique peut lui prendre jusqu’à une heure. Parmi les problèmes les plus courants, il évoque les écrans et batteries endommagés.
Les smartphones concernent 50 % des ventes
Lorsqu’on interroge l’entreprise sur les inquiétudes que pourraient avoir les internautes à acheter un produit reconditionné, notamment électronique, reBuy met en avant sa garantie de 36 mois. « Un produit reconditionné chez reBuy est une alternative aux produits neufs », ajoute Laetitia du Paty.
Sur le site, la majorité des rachats concerne des smartphones ; ces mêmes appareils occupent 50 % des ventes. « Les tablettes sont les deuxièmes produits les plus vendus, poursuit notre interlocutrice. Et la catégorie des appareils photos est en essor. »
Les smartphones sont les produits les plus rachetés et vendus
Après être devenu rentable en 2016 — avec un chiffre d’affaires de 90 millions d’euros –, reBuy a ouvert son site à la France et les Pays-Bas l’année dernière. En 2017, son chiffre d’affaires est monté à 110 millions d’euros. Désormais, l’hexagone fait partie des marchés privilégiés par la société, qui n’avait auparavant pas ouvert ses locaux à la presse française.
L’opération de communication est désormais lancée, et reBuy a déjà de grandes ambitions pour étendre son influence en Europe. Prochain objectif ? « Cette année, nous envisageons de probablement nous ouvrir à l’Italie et l’Espagne », s’avance Laetitia du Paty.
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