La tuerie qui a fait 6 morts ce week-end dans la petite ville de Kalamazoo, dans le Michigan, a été perpétrée par un chauffeur Uber. L’entreprise se retrouve donc de nouveau à devoir défendre ses procédures de sécurité dans la sélection des chauffeurs.

C’est une tuerie comme il en existe hélas beaucoup aux États-Unis, mais celle-ci est en train de rejaillir sur Uber. Samedi, un homme de 45 ans, Jason Brian Dalton, a abattu six personnes au cours de trois fusillades consécutives dans les environs de Kalamazoo, une ville de 76 000 habitants de l’État du Michigan. L’homme qui s’est finalement rendu aux autorités était un chauffeur Uber, et a même peut-être pris des passagers entre ses différentes fusillades, visiblement dans un état second.

« On a traversé des terre-pleins, traversé des pelouses, on roulait vite et dès qu’on s’est arrêtés, j’ai sauté de la voiture et je me suis enfui », a ainsi témoigné sur une chaîne de télévision locale un client qui avait emprunté le véhicule du suspect moins de deux heures avant le premier meurtre. Les autorités disent avoir des informations selon lesquelles il aurait pris des clients entre plusieurs fusillades, et tenté de prendre d’autres courses après.

Or même si Uber n’a pas grand chose à voir avec l’utilisation du fusil mitrailleur, l’affaire relance aux USA une polémique sur la sécurité d’Uber. La fusillade intervient en effet quelques semaines seulement après que le service VTC ait payé 28,5 millions de dollars pour mettre fin à l’amiable aux plaintes déposées en août 2015 pour mise en danger des clients. Il était alors reproché à Uber d’avoir fait preuve de négligences dans la vérification des antécédents judiciaires de ses chauffeurs, et d’avoir permis l’inscription sur son service de délinquants condamnés pour faits de violence ou de conduite en état d’ivresse.

Uber ne peut heureusement pas tout savoir et tout prédire sur l’état mental mental profond d’un chauffeur

Immédiatement, Uber a présenté ses condoléances et fait savoir que l’homme avait passé avec succès les recherches d’antécédents judiciaires, et donc que rien ne s’opposait à son inscription. Il ne pouvait pas prévoir que l’homme allait se transformer en tueur.

Le fait est que l’être humain est ainsi fait qu’il est — heureusement — imprévisible, et que les enquêtes sont ainsi faites qu’il est — heureusement — impossible de tout savoir et de tout prédire sur l’état mental profond d’un homme qui demande simplement à pouvoir conduire des clients d’un point A à un point B. Uber dispose d’un réseau de dizaines de milliers de chauffeurs à travers le monde, et il est statistiquement probable qu’au moins l’un d’entre eux commette un crime ou un délit pendant ses heures de service.

L’exonération de responsabilité d’Uber

Mais la polémique enfle tout de même. Le Washington Post a publié dimanche une longue rétrospective des précédents crimes commis par des chauffeurs Uber, et se demande si l’affaire ne met pas en lumière la responsabilité (ou l’irresponsabilité d’Uber).

Même si en l’espèce il semble qu’aucun client d’Uber n’ait été victime de la folie du conducteur, le journal pointe du doigt le contrat d’Uber, dont une clause l’exonère de toute responsabilité civile. « UBER NE GARANTIT PAS LA QUALITÉ, LE CARACTÈRE ADÉQUAT, LA SÉCURITÉ OU LA CAPACITÉ DES PRESTATAIRES TIERS. VOUS ACCEPTEZ QUE LES RISQUES DÉCOULANT DE L’UTILISATION QUE VOUS FAITES DES SERVICES ET DE TOUT BIEN OU SERVICE SOLLICITÉ EN LIEN AVEC CES DERNIERS, VOUS APPARTIENNENT INTÉGRALEMENT ET N’APPARTIENNENT QU’À VOUS SEUL(E), DANS LA MESURE LA PLUS LARGE CONSENTIE PAR LA LOI APPLICABLE », peut-on lire en lettres majuscules dans les conditions d’utilisation françaises d’Uber.

Sur sa vitrine commerciale, Uber indique pourtant que « la sécurité des chauffeurs et des passagers est la priorité d’Uber ». Il explique notamment que « aux États-Unis, [les chauffeurs] doivent également se soumettre à un processus de présélection qui inclut un examen de leur dossier de conduite et une recherche dans les casiers judiciaires des comtés, des états et au niveau fédéral ».

Ces contrôles sont effectués par la Taxi and Limousine Commission (TLC), selon des normes établies. « Ce processus ne nécessite pas la prise des empreintes digitales ou d’accès aux bases de données du département de la justice ou du FBI », prévient néanmoins l’entreprise.

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