En marge du MWC, Richard Yu, CEO de Huawei, explique à qui veut l’entendre que son entreprise a tout pour dépasser Samsung et Apple d’ici à 5 ans.

Les ralentissements économiques du marché du smartphone pourraient installer le doute chez les constructeurs, pas pour Huawei. Richard Yu, son CEO, confirme ses ambitions et rassure quant à sa stratégie d’expansion, qui jusque là se porte très bien. Passé de constructeur inconnu du grand public qui vendait des téléphones en marque blanche, à troisième constructeur mondial de smartphones, l’entreprise chinoise peut être fière de son bilan. Est-ce assez pour devenir d’ici 5 ans le leader mondial du smartphone ?

Huawei n’est pas seulement un constructeur chinois de plus, c’est assurément le meilleur élément économique de la Chine sur le smartphone. Avec une stratégie de géant qui se dessine, voici les deux raisons pour lesquels on peut croire Richard Yu :

  1. Son rôle précurseur dans les marchés internationaux : vous ne le saviez peut être pas il y a 5 ans, mais Huawei était déjà très installé en France. En fournissant des smartphones sans marques à des revendeurs et des opérateurs tout en étant dans le marché des infrastructures réseaux, le Chinois était déjà là, à attendre son heure. Si cet exemple français n’est pas suffisant pour déterminer un rôle d’acteur mondial, la technique illustre bien la capacité de Huawei à muter sur un marché, de petit concurrent à référence technologique. Et c’est cette démarche furtive d’entrée sur les marchés puis de domination qui est mise en place en Occident et dans les pays émergents. De cette manière Huawei s’émancipe du ralentissement du marché intérieur chinois, en allant parfois jusqu’à créer des marchés. Ainsi avec l’arrivée mondiale de la 5G, la marque veut s’imposer comme la référence de la future infrastructure réseau.
  2. Richard Yu le confirme lui même, il n’a pas derrière lui une marque dont le nom impressionne autant qu’Apple ou Samsung, ses concurrents à écraser pour arriver au top. Mais (excessivement ?) confiant, il affirme que « nos concurrents ont des marques fortes, mais nous avons de biens meilleurs produits ». Tout simplement. De fait, Huawei monte rapidement en gamme, comme le montre son son Mate S joue des coudes pour s’illustrer face à l’iPhone 6S. Avec des campagnes de communication financées à coup de millions dans le monde entier, Huawei veut écrire sa propre histoire technologique, en dehors de l’image d’Épinal du « made in China ». L’entreprise continue de donner aux marchés développés des références du haut de gamme : Mate 8, Mate S, et surtout le Nexus 6P construit avec Google et des tablettes convergentes sous Windows 10. Ils confèrent ce cachet de légitimité qui installe progressivement Huawei dans le siège confortable des leaders technologiques d’influence.

Il faut toutefois et bien évidemment nuancer le propos, en attendant de voir si Huawei est capable d’encaisser l’essoufflement du marché chinois et de continuer à croître. Lenovo y a perdu quelques points d’avance. Il faut aussi s’interroger sur les limites économiques et politiques d’une Chine dont le marché financier reste opaque et dans lequel les investisseurs occidentaux peinent à jouer un rôle. La capitalisation internationale de Huawei sera certainement une étape décisive pour s’émanciper tout à fait de son emprise chinoise et devenir ce fameux leader, devant Apple et Samsung.

À moins que la Chine ne devienne la nouvelle Silicon Valley, et parvienne, comme le montrent les succès croissants de Xiaomi, Huawei ou Alibaba, à faire émerger seule des champions industriels mondiaux.

Réponse dans 5 ans ?


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