Plusieurs chercheurs spécialisés dans l’intelligence artificielle ont réagi aux dernières déclarations d’Elon Musk sur l’intelligence artificielle, qu’il considère comme « la plus grande menace » pesant sur notre civilisation. Ils lui reprochent notamment de présenter un scénario tiré par les cheveux.

Elon Musk ne perd pas la moindre occasion de rappeler les craintes que lui inspirent l’intelligence artificielle. Dans sa dernière déclaration publique, le fondateur du collectif OpenAI — qui vise à « faire avancer l’intelligence numérique de la manière qui serait la plus profitable à l’humanité, sans que ces recherches soient dictées par le besoin d’un retour sur investissement  » — est allé encore plus loin.

Le 15 juillet, devant une trentaine de gouverneurs américains, Elon Musk a en effet affirmé que l’IA est « la plus grande menace qui pèse sur notre civilisation, loin devant les accidents de voiture et la drogue, qui sont dangereux au niveau individuel mais pas pour l’ensemble de la société. »

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Celui qui travaille, en parallèle de Tesla et de SpaceX, sur une interface ordinateur-cerveau avec son nouveau projet, Neuralink, ajoutait par ailleurs : « Tant qu’on ne verra pas des robots descendre dans la rue pour tuer des gens, ils ne sauront pas comment réagir [face à l’IA] car elle semble trop impalpable. L’IA est l’un des rares cas où nous devrions agir avec une réglementation préventive plutôt que réactive car à mon sens, au moment nous devenons réactifs dans la réglementation de l’IA, il est déjà trop tard. »

Certains chercheurs spécialisés dans l’IA n’ont pas caché leur agacement face au pessimisme de l’entrepreneur. Pedro Domingo, qui travaille sur l’IA à l’université de Washington, s’est contenté de partager l’article citant Musk en l’accompagnant d’un commentaire sarcastique : « Je n’ai qu’un mot à dire : soupir ».

« Un scénario tiré par les cheveux »

François Chollet, spécialisé dans le deep learning chez Google, a détaillé les raisons de son désaccord en un tweet : « En toute probabilité, la plus grande menace c’est le contrôle de masse grâce au ciblage de messages et des armées de bots de propagande. Le [machine learning] n’est toutefois pas nécessaire. »

Cité par Inverse, Subbarao Kambhampati, professeur d’informatique à l’université d’Arizona State et président de l’Association for the Advancement of Artificial Intelligence,  reproche pour sa part à Elon Musk de se montrer beaucoup trop alarmiste : « Si nous avons effectivement besoin d’une discussion ouverte sur les impacts sociétaux de l’IA, les inquiétudes souvent répétées par M. Musk se focalisent sur le scénario tiré par les cheveux d’une prise de pouvoir par une super intelligence. »

La résonance des propos de Musk nuirait à l’image de l’IA dans l’opinion publique

Le scientifique cite, comme argument, le rapport de l’administration de Barack Obama paru fin 2016 sur l’intelligence artificielle, qui ne tient pas compte de ce scénario. Preuve, à ses yeux, qu’il n’est pas suffisamment crédible. Subbarao Kambhampati reste toutefois lucide : il comprend le besoin d’envisager ce scénario, mais estime que la grande résonance des propos d’Elon Musk nuit à l’image de l’IA dans l’opinion publique.

À l’heure actuelle, les inquiétudes les plus concrètes autour de cette technologie concernent surtout la perte de travail provoquée par l’automatisation de certains emplois.


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