Un nouveau partenariat a été signé entre Microsoft et l’Éducation nationale pour accélérer la numérisation de l’école. Mais à quoi vont servir les 13 millions d’euros que Microsoft a mis sur la table ?
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L’accord divulgué montre qu’outre les aspects liés à la fourniture d’outils ou l’aide à la formation, l’Éducation nationale confiera à Microsoft le soin d’analyser par algorithmes les performances des élèves.

Microsoft et notre bonne vieille École de la République renforcent leurs liens avec un partenariat officiellement signé lundi par Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et Alain Crozier, président de Microsoft France. Du côté des chiffres, ce seront donc 13 millions d’euros qui seront investis dans l’éducation française par Microsoft.

Numerama a contacté l’entreprise américaine pour avoir un peu plus de détails sur l’utilisation de ce budget, ainsi que l’association Framasoft, pour connaître l’avis du logiciel libre.

Le budget numérique de Microsoft

Il s’agit en fait du coût cumulé de plusieurs opérations menées de front. D’abord, la création et le développement de solutions Microsoft pensées pour tourner sur les plateformes (ENT, ou environnements de travail) existantes. Cela signifie qu’en pratique, les étudiants des établissements partenaires pourront avoir accès à Office365 directement depuis le tableau de bord de leur compte étudiant. Microsoft va également utiliser une partie de cet argent pour investir dans des sociétés tierces qui proposent des applications éducatives pensées pour accompagner les programmes de l’éducation nationale.

Classe immersive Microsoft

Classe immersive, par Microsoft

Ensuite, une partie des 13 millions sera utilisée à des fins de formation. Si des enseignants veulent se former aux usages pédagogiques des nouvelles technologies, Microsoft proposera donc des stages. Pour aller plus loin, il sera également proposé des stages de formation pour initier les élèves à la programmation informatique, notamment par la mise à disposition d’une plateforme de serious gaming, qui permettra d’apprendre un langage de manière ludique. Pour ce qui est de la géographie du plan, Microsoft nous assure que ce ne sera pas parisiano-centré et que les solutions seront déployées à la demande des enseignants et des acteurs locaux.

Enfin, la firme souhaite qu’une partie de cet argent soit consacré au plan numérique qui ambitionne d’équiper 100 % des collégiens d’une tablette tactile d’ici la rentrée 2018. La rentrée 2016 devrait déjà voir 40 % des collégiens français équipés et l’appel d’offres vient d’être lancé pour savoir quelles tablettes pourront être retenues. In fine, ce sera aux gestionnaires d’établissements et aux collectivités de décider qui sera leur fournisseur au niveau du matériel. Comme Microsoft a fait depuis quelques années de grands pas vers Android ou iOS côté logiciel, la décision ne devrait pas les déranger, quelle qu’elle soit. Et non, ça  ne sera sûrement pas des Surface Pro 4 à 2 449 euros.

Le module Minecraft pour apprendre à développer devrait être testé dans deux établissements.

Plus anecdotique mais amusant tout de même, le module Minecraft (propriété de Microsoft) pour apprendre à développer devrait être testé dans deux établissements. Vous pourrez retrouver l’intégralité de l’accord en .pdf à cette adresse.

Et le libre dans tout cela ?

Si l’on ne pourra pas, cette fois, accuser le gouvernement d’utiliser l’argent du contribuable pour payer des logiciels privés alors que des équivalents libres et gratuits existent, il n’empêche que cet accord développe davantage les partenariats entre le public et le privé à l’école et, comme souvent, ne laisse pas le choix aux étudiants.

Contacté par Numerama, Framasoft estime que ce nouveau partenariat s’apparente à une pratique de dealer : « C’est comme cela qu’ils fonctionnent, la première dose est gratuite ». Pouhiou, chargé de communication pour l’association qui aide à la diffusion des logiciels libres, poursuit : « Ce que veut Microsoft en ce moment, ce n’est pas que vous utilisiez telle ou telle tablette, c’est que vous utilisiez des logiciels Microsoft, pour vous y habituer ».

Framasoft nous a par ailleurs confirmé que le gouvernement ne les avait pas du tout interrogés sur cette initiative. Quels sont alors les moyens concrets pour une école ou un médiathèque d’équiper son parc informatique avec des logiciels libres ? « Le mieux, c’est de contacter une association locale pour leur demander de présenter les logiciels libres aux responsables, aux enseignants ou aux étudiants. Des SSLL, pour Société de Services en Logiciels Libres peuvent également vous accompagner pour équiper votre parc informatique », affirme Pouhiou.

ferlanero

Fernando Lanero

Malheureusement, dans les établissements, il faut souvent un élément déclencheur pour initier un passage au logiciel libre. Cela peut passer par un membre du corps enseignant qui connaît cet univers. Par exemple, c’est ce qu’a fait Fernando Lanero pour un collège espagnol en migrant tous les postes de l’établissement de 1 200 élèves sous Ubuntu. Avant cela, ils étaient sous Windows XP… un système d’exploitation qui n’est plus maintenu par Microsoft.

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