TorrentTunes est une sorte de Popcorn Time de la musique. Basé sur le protocole BitTorent, le logiciel permet d’écouter de la musique en streaming. Sans que les ayants droit n’aient donné leur accord.

Les plateformes d’écoute de musique en ligne ont beau attirer des millions d’internautes dans le champ de l’offre légale, il y a encore de nombreux auditeurs qui préfèrent passer par des circuits alternatifs — et illicites au regard de la loi — pour profiter des œuvres culturelles. Preuve peut-être que Spotify, Apple Music ou Deezer n’ont pas encore trouvé la recette miracle pour plaire à tout le monde.

Il y avait par exemple le projet Aurous l’an dernier, que l’on pouvait présenter sans peine comme le Popcorn Time de la musique. Mais celui-ci n’a pas fait long feu. Sous la pression par les maisons de disques, qui ont déposé plainte, son créateur a fini par jeter l’éponge en décembre alors que la justice commençait à se pencher sur son cas. Et dans le même genre, on peut aussi mentionner TorrentTunes.

TorrentTunes Accueil

La page d’accueil.

Car l’objectif de TorrentTunes n’est pas différent de celui que se fixait Aurous.

Il s’agit de proposer un outil permettant d’écouter de la musique sans se préoccuper des intérêts des titulaires de droits. Le programme repose lui aussi sur le protocole BitTorrent, via un logiciel dédié (à installer sur Windows, Mac ou Linux) ou un client web. Dans un cas comme dans l’autre, c’est via le navigateur que tout se joue. Et il faut bien le dire : le projet est tout à fait fonctionnel.

Basé sur LibTorrent, TorrentTunes est développé depuis plusieurs mois par un certain tchoulihan. Sur GitHub, qui est une plateforme d’hébergement et de collaboration pour des projets en open source, il a mis en ligne sa toute première version (0.0.1) en bêta le 16 juin 2015. Et à l’heure où nous écrivons ces lignes, TorrentTunes en est à la version 0.7.7. Celle-ci a été publiée un peu avant la mi-janvier 2016.

Le programme que propose TorrentTunes remplit les fonctions principales d’un service de streaming. Il suffit d’entrer un artiste, un groupe, un album ou un titre dans le champ de recherche pour obtenir une liste de résultats. L’interface est classique et selon la notoriété de ce que vous recherchez, les pistes retournées par TorrentTunes ainsi que les liens pour en savoir plus seront plus ou moins étoffés.

TorrentTunes Air

Un exemple de recherche

Dans le cas du groupe Air par exemple, des liens vers le site officiel, Wikipédia, AllMusic, YouTube, LastFM et IMDB sont proposés. Il est possible de voir les paroles (si ce n’est pas une version instrumentale), la pochette (ou une image en rapport) et de télécharger la discographie des .torrents. Des erreurs factuelles peuvent se glisser dans les informations (le nombre de pistes par album, par exemple).

TorrentTunes reste toutefois assez limité. Pour Air, seuls cinq albums sont recensés sur les neuf produits. Dans le cas du groupe Ek3kiel, un seul album est proposé et il est incomplet : quatre titres sur les onze sont disponibles. Il est aussi arrivé que des requêtes ne mènent à rien, alors qu’elles aboutissent bien sur des services licites comme Spotify et Deezer. Bref, le catalogue s’avère insatisfaisant.

Sans surprise, TorrentTunes reprend les fonctionnalités habituelles d’une plateforme de streaming, incluant la page artiste, la page de l’album, les listes de lecture, les réglages et une liste des artistes que le site prend en compte. Une musique peut être communiquée sous forme de lien (idem pour l’artiste, la playlist ou l’album) et les informations des morceaux sont récupérés sur MusicBrainZ.

Un service illégal que l’industrie du disque voudra abattre.

Malgré le soin apporté à l’interface, qui peut faire croire à l’internaute qu’il s’agit d’un site légal pour écouter de la musique appartenant aux labels, TorrentTunes est en train de se construire sans avoir signé le moindre accord avec les titulaires de droits. Dit autrement, TorrentTunes fournit un service illicite. Et on peut être sûr que l’industrie du disque ne laissera pas passer ça.

Il reste à savoir si la fermeture de ce service peut être obtenue aisément. Ce qui est loin d’être certain. En effet, celui-ci se présente comme un outil entièrement décentralisé, ce qui n’est pas de nature à faciliter la tâche des ayants droit. Même en saisissant le nom de domaine (.ml, domaine du Mali) ou en poussant GitHub à nettoyer ses pages pour retirer toute trace du projet, celui-ci ne serait pas pour autant inutilisable.


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