Le 22 février 2017, le ministère des affaires étrangères russe a ajouté sur son site une page regroupant des articles certifiés « fake » par le gouvernement. Une catégorisation aux critères flous, qui ne concerne pour l’heure que des médias anglophones.

La Russie se lance dans la chasse aux fake news sur Internet. Le ministère des affaires étrangères vient d’annoncer le lancement d’une nouvelle page sur son site, où sont déjà rassemblés une poignée d’articles de médias anglophones. Leurs captures d’écrans sont surmontés d’un énorme « Fake », une sentence matérialisée par un coup de tampon rouge. Plus bas, le gouvernement prend soin de préciser : « Cet article avance des informations qui ne correspondent pas à la réalité ».

Mise en ligne dans la journée du 22 février, cette page web recensant les (soi-disant) fausses informations repérées par le Kremlin vise sans doute à contrer les récentes accusations envers la Russie. En effet, le pays est suspecté de mener une campagne de fausses informations en ligne, et de chercher ainsi à se mêler de la politique intérieure de ses voisins européens et américain.

Bloomberg, NBC et The New York Times dans le viseur russe

Aux États-Unis, notamment, des opérations de déstabilisation avaient eu lieu pendant l’élection présidentielle, entraînant la menace d’une riposte de Washington contre la Russie. L’Union européenne a quant à elle créé son propre groupe de travail, afin de contrer les éventuelles campagnes de fausses informations en provenance de Moscou.

L'article de Bloomberg, certifié fake par la Russie. Capture d'écran mid.ru

L’article de Bloomberg, certifié fake par la Russie. Capture d’écran mid.ru

La page web dévoilée par le ministère, titrée « Exemples de publications véhiculant de fausses informations au sujet de la Russie », regroupe déjà cinq articles issus de Bloomberg, NBC et le New York Times. Le prestigieux quotidien new-yorkais se voit, par exemple, attribuer un coup de tampon sur un article évoquant un déploiement de missiles par la Russie, violant un traité passé avec les États-Unis sur le contrôle des armements. Bloomberg, lui, est épinglé pour un article sur les accusations de cyberattaques russes à l’encontre d’Emmanuel Macron.

Des critères flous

« L’objectif est de montrer quel genre de fausses informations sont principalement publiées au sujet de notre pays, et de tout faire pour empêcher leur diffusion », a déclaré la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova, interrogée par (ironie du sort ?) le New York Times.

À partir de quels critères la Russie justifie-t-elle cet estampillage de fake news ? Toujours d’après Marie Zakharova, les articles rejoindront la liste épinglée sur le site s’ils ne mentionnent pas la position de la Russie, ou s’ils se reposent sur des sources anonymes et des faits non vérifiés. Les articles publiés par des médias russes ne feront pas l’objet d’une surveillance de la part du ministère.

Cette traque institutionnalisée, catégorisant les fake news à l’aide de critères dont la pertinence peut être questionnée, marque peut-être une nouvelle étape dans la volonté d’isolement du web russe.


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