Le Parti Pirate islandais n’est pas parvenu à se hisser en tête des élections législatives, comme les sondages l’avaient longtemps prédit. Il arrive même loin derrière le parti traditionnel conservateur, qui devrait à nouveau former un gouvernement. Mais son score reste historique et lui permettra de peser dans la vie politique du pays.

Voir le verre à moitié plein, ou à moitié vide ? Samedi, le Parti Pirate d’Islande est parvenu à devenir le troisième plus gros parti du pays en récoltant 14,48 % des suffrages, alors qu’il n’existait pas avant 2012. Issu de la société civile et totalement inexpérimenté, le PP disposera de 10 des 63 sièges du Parlement islandais. C’est autant que le Mouvement Gauche-Vert (qui a fait 15,91 %), et bien mieux que l’Alliance Démocratique Sociale qui avait remporté les élections en 2009 (3 sièges avec 5,74 % des voix).

En cela, c’est une victoire historique, décrite comme telle par les Piratars islandais. Il n’était jamais arrivé dans l’histoire du pays qu’un parti politique obtienne plus de 11 % des voix depuis l’Indépendance proclamée en 1944, en dehors des quatre partis traditionnels. En quatre ans, les Pirates ont triplé leur nombre de voix dans les urnes, et ils veulent croire que des alliances sont possibles pour former des coalitions susceptibles de gouverner ou, en tout cas, d’avoir beaucoup de contrepoids.

Mais dix sièges, c’est deux fois moins que le Parti de l’Indépendance (PI), qui avec ses 29 % de votes obtient à nouveau 21 sièges. C’est lui qui se trouve à nouveau en position de former un nouveau gouvernement. Or c’est là la véritable surprise du scrutin, et la grande source de déception pour les Pirates.

Le PI, qui était né de la fusion en 1929 de deux partis traditionnels favorables à la dissolution de l’union avec le Danemark, a quasiment remporté toutes les élections depuis près d’un siècle. Or non seulement les Islandais paraissaient aspirer à un vent de fraîcheur politique, mais en plus l’affaire des Panama Papers avait éclaboussé tout autant l’ancien premier ministre Sigmundur David Gunnlaugsson, qui avait dû démissionner rapidement, que l’actuel ministre des finances Bjarni Benediktsson, qui dirige le PI.

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S’il y a un sentiment de déception, c’est aussi et surtout parce que pendant de très longs mois le Parti Pirate avait surfé dans les sondages, à des niveaux à peine croyables. Il avait carrément dépassé les 40 % d’intentions de vote il y a moins d’un an. Mais ces derniers mois, le PP s’est effondré, semaines après semaines. Lorsque la campagne électorale a véritablement commencé à s’intensifier, le Parti n’a plus résisté à la montée des Gauche-Verts, et à son propre effondrement. Il serait dû, paradoxalement, à une volonté d’ouverture.

« Le Parti pirate avait au départ une position libertarienne qui pouvait être aussi de droite, mais sa leader a voulu des alliances à gauche et le parti s’est divisé », explique dans Le Monde Gunnlaugur Olafsson, président de la commission des affaires étrangères du parti.

Reste à voir désormais quelle place le Parlement pourra accorder aux idées du Parti Pirate islandais lors de la législature qui s’ouvre. Sa toute première revendication, portée avec d’autres partis secondaires, était l’adoption de la Constitution écrite en grande partie par les internautes et validée par référendum en 2012. Malgré cet acte démocratique inédit, elle n’a jamais été promulguée par le régime en place.


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