C’est presque officiel. Madonna devrait bientôt être la première star mondiale de la musique à quitter sa maison de disques Warner pour signer avec un organisateur de concerts, Live Nation. Mais derrière le contrat de 120 millions de dollars que lui propose le tourneur, que se cache réellement derrière le nom de Live Nation ?

L’information avait déjà filtré et nous l’avions déjà commentée le mois dernier. Après 25 ans de carrière chez Warner Music, la chanteuse pop Madonna devrait bientôt officialiser sa rupture et quitter le girond des majors du disque. Après le Sunday Mirror, c’est le Wall Street Journal qui l’affirme, avec un peu plus de détails. Madonna partirait chez le géant américain de l’organisation de tournées Live Nation, grâce à un contrat de 120 millions de dollars en cache et actions, qui couvre la production de trois nouveaux albums, la promotion de ses tournées, la vente de merchandising et l’exploitation de son nom et de son image.

C’est la première fois qu’une aussi grande star quitte le circuit des majors de l’industrie du disque pour venir sous l’aile d’un organisateur de concerts. « A ce stade de sa carrière, Madonna réalise qu’elle peut gagner davantage d’argent avec les tournées – 190 millions d’euros dans sa dernière tournée – qu’en sortant des albums. Dont elle préfère aller avec une entreprise qui peut s’occuper des deux à la fois plutôt que de rester liée à une maison de disques« , avait expliqué un cadre de l’industrie au journal britannique.

Le contrat prévoirait une avance générale de 17,5 millions de dollars, et un paiement à l’avance de 50 à 60 millions de dollars pour trois albums. Live Nation payerait aussi 50 millions de dollars le droit de s’occuper de la promotion des tournées de Madonna. Le contrat prévoit que Live Nation ne reçoive que 10 % des revenus net, 90 % étant réservés à l’artiste. Par rapport à un contrat de production de disques chez un label, les proportions sont donc inversées. Pour le merchandising, la proportion serait plutôt de l’ordre de 50/50.

Live Nation : pire que les majors de l’industrie du disque ?

Objectivement, toute notoriété de la star mise à part, c’est toutefois une annonce beaucoup moins importante qu’il n’y paraît dans le chamboulement annoncé des relations entre les artistes et l’industrie musicale. Contrairement à Radiohead ou Nine Inch Nails (et selon les rumeurs, bientôt Oasis et Jamiroquai), Madonna n’a pas quitté le petit monde des majors. Elle est simplement passée d’une catégorie à une autre, en passant d’une major du disque à une major du concert. Live Nation a été fondé en 2005 par le géant Clear Channel, et possède ou détient des intérêts aujourd’hui dans 160 lieux de spectacles et de sports dans le monde, dont le stade Wembley à Londres. En 2006, il a produit plus de 26.000 évènements dans 18 pays, rassemblant 60 millions de spectateurs.

Déjà promoteur des tournées de Madonna, le but de Live Nation est de garder la star dans son circuit au détriment de son concurrent AEG, et de la faire tourner dans les différents lieux qu’il possède, en raréfiant sans doute les concerts qui seront alors vendus à prix d’or. Nous sommes loin de la logique de rapport direct avec les fans et de démocratisation de la musique qu’essayent de mettre en place Radiohead ou NiN.

Pour Warner Music, ça n’est pas non plus le tremblement de terre absolu. Après 25 ans de carrière, la major détient toujours les droits d’enregistrement des albums de Madonna, qui lui permettront de continuer à vendre des compilations et des ré-éditions de ses plus grands albums (comme le fait en France Universal avec le catalogue de Johnny Hallyday). Sauf à croire qu’à 50 ans, Madonna peut encore sortir beaucoup d’albums aussi populaires, l’essentiel de sa carrière d’enregistrement, et donc de son catatalogue, est derrière elle. La perte est donc minimisée pour Warner.


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