Le Royaume-Uni envisage de se donner de nouveaux moyens de lutte contre le terrorisme sur Internet, en étendant le principe du blocage administratif aux sites "extrémistes" et "terroristes".

Que ne ferait-on pas au nom de la lutte contre le terrorisme et de la sécurité nationale ? Au Royaume-Uni, le gouvernement prévoit de s'accorder de nouvelles prérogatives pour combattre les espaces "terroristes" et "extrémistes" sur Internet. Selon le Guardian, il s'agit pour Londres de pouvoir ordonner administrativement aux opérateurs de télécommunications le blocage de l'accès à certaines ressources.

D'après le quotidien, le gouvernement britannique compte habiliter une unité spécialisée pour identifier et signaler les contenus "jugés trop dangereux" pour être laissés en libre accès. Le fonctionnement de cette structure s'inspirerait a priori de l'Internet Watch Foundation, qui combat essentiellement la pédopornographie sur Internet par la voie extrajudiciaire (au risque de faire des erreurs notables).

Au moins quatre fournisseurs d'accès à Internet locaux devraient participer à ce dispositif, même s'il est probable que d'autres opérateurs et des hébergeurs seront vraisemblablement impliqués : British Telecom, TalkTalk, BSkyB et Virgin Media. La mesure, qui n'a pas encore été officiellement annoncée par l'exécutif, est attendue avec circonspection par l'industrie des télécommunications.

Sans remettre en cause le bien-fondé de la lutte contre le terrorisme, les opérateurs ne sont pas favorables à l'approche extrajudiciaire. Ils préfèrent que chaque mesure soit appuyée par le feu vert de l'ordre judiciaire. Car en effet, qui va déterminer le caractère terroriste ou extrémiste d'un site ? Quelles seront les voies de recours ? Quid du risque de sur-blocage et des effets éventuels sur les libertés individuelles ?

Ce mois-ci, Microsoft (Bing) et Google ont annoncé le déploiement d'un nouvel algorithme dans leur moteur de recherche respectif pour répondre à une requête du Royaume-Uni, qui veut empêcher les requêtes conduisant vers des contenus pédopornographiques. Une liste de contenus à bannir sera par ailleurs partagée, et mutualisée avec d'autres acteurs du web.

Or, la sécurité nationale pourrait être l'argument bien commode pour permettre à l'exécutif d'adapter cette recette pour les ressources extrémistes et terroristes.

( photo : OGL Prime Minister's Office )

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