En partenariat avec Microsoft qui fera de même sur Bing, Google a confirmé le déploiement mondial d'un nouvel algorithme, à la demande de la Grande-Bretagne, qui aura pour effet de bloquer les requêtes pouvant mener vers des contenus pédopornographiques. Une liste de contenus à bannir sera par ailleurs partagée, et mutualisée avec d'autres acteurs du web. Un précédent qui pourrait s'étendre au delà de la pédopornographie.

La réaction naturelle est de trouver qu'il s'agit d'une très bonne nouvelle. Une réaction plus prudente est de se demander s'il ne s'agit pas d'une première étape vers une censure plus générale des contenus réputés illégaux, même les moins sensibles.

En Grande-Bretagne, à la demande du premier ministre David Cameron, Google a annoncé le déploiement d'un nouvel algorithme de son moteur de recherche, réalisé en partenariat avec Microsoft, qui aura pour effet de bloquer les résultats de quelques 100 000 requêtes associées à des recherches de contenus pédopornographiques. Ces nouveaux filtres seront étendus quelques 158 langues, donc y compris sur Google France, d'ici six mois.

"Nous avons paramétré finement Google Search pour empêcher les liens vers des contenus d'abus sexuels d'enfants d'apparaître dans nos résultats", s'est félicité Eric Schmidt, le président de Google. Concrétisant l'annonce faite en juin dernier de la constitution d'une base de données de contenus bannis, M. Schmidt a également expliqué que les équipes de YouTube avaient conçu une technologie de reconnaissance et de marquage des contenus pédopornographiques, pour empêcher leur ré-hébergement sur YouTube, et sur toutes les plateformes tiers qui partageront cette technologie — à la manière de ce que prévoyait l'initiative Clean IT. A cet égard, Microsoft utilisera les outils de Google pour empêcher la recherche de contenus illicites sur Bing, et sur Yahoo dont il assure la fourniture des résultats.

Selon le Daily Mail, Google et Microsoft travailleront par ailleurs avec la National Crime Agency et l'association Internet Watch Foundation (celle-là même qui avait jugé pédopornographique une pochette d'album de Scorpions) pour "s'attaquer aux réseaux Peer-to-Peer" sur lesquels s'échangent des contenus entre pédophiles.

David Cameron a assuré que le blocage des recherches ne posait à ses yeux aucun risque d'atteinte à la liberté d'expression et de communication, même si ce sont des institutions privées et non la justice ou même la police qui déterminent les mots clés à censurer. "Si vous avez utilisé (ces expressions) c'est que vous recherchiez des images d'abus d'enfants en ligne", certifie le premier ministre britannique, qui demande à Google et Microsoft d'aller aussi loin que possible. "J'ai mis au défi les entreprises de recherche de bloquer ces termes, de s'assurer qu'aucun contenu illégal ou aucun chemin vers des contenus illégaux ne soient retournés".

Outre les expressions de recherche identifiées par les "experts", les outils de Google permettront de détecter automatiquement les nouveaux mots employés par les réseaux pédophiles pour décrire leurs contenus, afin de les bloquer automatiquement.

Mais qui peut croire qu'une telle technologie de censure de contenus illégaux restera cantonnée à la lutte contre les seuls contenus pédopornographiques ? Une fois accepté le principe selon lequel le moteur de recherche n'est plus neutre et doit combattre les pulsions d'illégalité ou d'immoralité de ses utilisateurs, il ne tiendra qu'aux gouvernements, aux lobbys et aux moteurs de recherche de décider ensemble des autres secteurs devant faire l'objet d'une censure. Dès juillet dernier, David Cameron avait demandé la constitution d'une liste noire des recherches "dépravées".


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