Malgré la nouvelle crise politique qu'a failli généré le vote par internet lors de la primaire à Paris, l'UMP a choisi de faire à nouveau confiance au vote électronique pour sa consultation des militants à la fin du mois.

Alors qu'elle a frôlé un nouveau fiasco avec ses primaires organisées sur Internet pour les élections municipales de 2014 à Paris, l'UMP n'est visiblement pas décidée à en tirer des leçons. Le président de l'UMP Jean-François Copé et son rival François Fillon se sont mis d'accord mardi pour définir les modalités de la consultation des militants, concernant la réforme des statuts et la direction du parti. Or, comme l'indique Le Monde, c'est par un vote par Internet que les militants UMP devront donner leurs réponses.

Ils devront dire d'une part s'ils approuvent les nouveaux statuts qui prévoient l'organisation d'une primaire ouverte pour la présidentielle de 2017, et d'autre part s'ils acceptent de maintenir Jean-François Copé à la tête de l'UMP jusqu'en novembre 2015, avec le maintien d'une direction collégiale et donc le renoncement à l'organisation d'une nouvelle élection du président du parti.

Le scrutin sera ouvert exclusivement sur Internet du vendredi 28 juin à 8 heures jusqu'au dimanche 30 juin à 18 heures, avec la possibilité pour les adhérents de se rendre dans une permanence UMP s'ils n'ont pas chez eux accès à internet, ou s'ils n'arrivent pas à voter depuis leur propre ordinateur.

Encore une fois, c'est l'idée que le vote électronique serait incontestable qui a primé, par opposition au vote papier et aux procurations qui avaient permis une fraude massive lors de l'élection de novembre 2012.

Pour le moment, le site de l'UMP ne dit rien des modalités du vote électronique, dont on ne sait pas encore quel sera le prestataire. Pour les primaires à Paris, c'est la filiale de la Poste Docapost qui avait été choisie, laquelle a ensuite expliqué que les failles de vérification de l'identité des votants étaient voulues.

Les sources de fraudes devraient toutefois être moindres que lors de la primaire ouverte à Paris, avec cette consultation réservée cette fois-ci aux seuls adhérents de l'UMP. Il n'y aura plus, en effet, ce risque majeur d'usurpation de l'identité de tiers, qui n'avait pas fait bouger la CNIL malgré sa connaissance du risque. Par ailleurs, alors que les identifiants de vote étaient envoyés au dernier moment par courriel et par SMS, ce qui facilitait la fraude, il est probable que les identifiants soient cette fois envoyés par courrier postal, ce qui est beaucoup plus sûr.

Reste toutefois le problème fondamental de l'opacité de l'urne. Faute d'accès au code source, et de moyen de vérifier que le logiciel exécuté est bien celui exposé, il est absolument impossible pour l'électeur de savoir si son vote est correctement comptabilisé, ou s'il n'a pas été modifié à l'intérieur à l'urne. La transparence, qui est le principe essentiel de l'élection démocratique, est remplacée par la confiance faite à un prestataire privé qui n'a lui-même pas assez confiance dans les électeurs pour dévoiler ce qu'il fait.

Ce n'est ici pas important, s'agissant d'une élection interne dans un parti politique. Mais le problème devient beaucoup plus grave lorsqu'il s'agit d'élire des députés à l'Assemblée Nationale, comme c'est le cas pour les représentants des Français de l'Etranger, avec l'oeil bienveillant du Conseil Constitutionnel.


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