Aux USA, un fournisseur d'accès à internet du Texas et de Louisiane a semble-t-il décidé de modifier le contenu des pages web visitées par ses abonnés, pour ajouter des publicités d'une régie publicitaire partenaire. Une affaire qui illustre la problématique de la neutralité du net.

L'affaire a beau être circonscrite à un petit fournisseur d'accès à internet régional, elle fait du bruit aux Etats-Unis, parce qu'elle montre le pouvoir que peut avoir un FAI lorsque la neutralité du net n'est pas imposée. Ars Technica raconte en effet que des internautes américains ont vu apparaître ces dernières semaines des publicités sur des sites comme ceux d'Apple, Bing, eBay ou WalMart, qui ont été ajoutées à la volée lors de leur navigation sur Internet. 

Après investigation, il est apparu que ces publicités étaient ajoutées par des routeurs appartenant à la société R66T, qui s'est faite une spécialité d'offrir des accès Wi-Fi gratuits dans les lieux privés (hôtels, cafés, restaurants, centres commerciaux…) en échange d'affichages de publicités pour des partenaires locaux. La société se vante sur son site internet de pouvoir ajouter des publicités aux pages visitées par les internautes, et même de supprimer des publicités d'entreprises concurrentes aux annonceurs qui choisissent de travailler avec elle. Elle annonce plusieurs millions d'utilisateurs, qui combinent un milliard de minutes de navigation par mois.

Mais selon l'enquête menée par les internautes et Ars Technica, tout semble montrer qu'un fournisseur d'accès à internet régional, CMA Communications, qui officie au Texas et en Louisiane, a noué un partenariat avec R66T pour profiter du même détournement publicitaire… sur les accès à internet payants de ses abonnés. A l'exception des pages web en HTTPS qu'il est impossible de modifier, tout le trafic est dirigé à travers des routeurs de R66T qui se chargent de modifier le code HTML des pages visitées pour ajouter des publicités, ou en modifier d'autres.

En France, jamais un FAI n'a été aussi loin. Free s'est contenté (ce qui est déjà trop) de bloquer les publicités de Google en jouant non pas sur la modification du code HTML, qui constitue une atteinte indéniable à la neutralité du net, mais sur les réponses faites par son serveur DNS. Lorsqu'une page web demande à accéder aux serveurs pubs de Google, les serveurs de Free renvoient le navigateur vers une mauvaise adresse – ce qui est désormais limité aux abonnés qui activent l'option de blocage de la publicité sur leur compte Free, laquelle avait été d'abord activée par défaut.

De son côté, SFR a été accusé de modifier le code HTML des pages web, mais uniquement sur ses connexions 3G, et pour accélérer le chargement de certains contenus. Il n'a pas modifié les publicités affichées.

A défaut d'imposer la neutralité du net, les lois sur l'abus de position dominante ou la concurrence déloyale devraient par ailleurs éviter que toute tentation d'imiter CMA et R66T soit réalisée en France. C'est d'ailleurs visiblement aussi l'opinion aux Etats-Unis de la Commission Fédérale des Communications (FCC), l'équivalent de l'Arcep, qui s'est déclarée incompétente et a renvoyé les plaignants vers la Commission Fédérale du Commerce (FTC).

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