La Hadopi assure qu'elle aimerait avoir l'appui de développeurs pour réaliser un outil open-source, mais que "ses relations avec la communauté ne lui permettent pas". Vrai problème, ou fausse excuse ?

Mise à jour : Sur Twitter, l'Hadopi nous explique qu'elle craint les remarques désobligeantes des "trolls" sur la qualité de son code source, qui n'a pas encore été nettoyé et commenté comme il se doit. "Quand le climat sera devenu un peu plus serein, il y a de grandes chances que le projet soit libéré", indique @Erebuss, qui travaille sur Linkstorm. "Ce n'est pas un non-open source définitif, ce n'est juste pas la priorité numéro un".

Pour accompagner et analyser le développement des plateformes labellisées d'offres légales, qu'elle espère multiplier l'an prochain, la Haute Autorité de Diffusion des Oeuvres et de Protection des Droits sur Internet (Hadopi) a lancé un grand chantier d'observation du référencement des plateformes labellisées. Elle a mis au point un outil baptisé Linkstorm, qui a pour objectif à la fois de sonder la qualité du placement des sites labellisés sur Google, mais aussi de voir comment les aider à améliorer leur référencement naturel en analysant les mots clés les plus recherchés par les internautes.

A priori, l'outil ne devrait pas servir à identifier les sites illégaux les mieux référencés, puisque la Haute Autorité n'a pas les pouvoirs de dire le légal et l'illégal. Seul un juge le peut (et rappelons que les critères d'attribution du label PUR ne lui confèrent aucun pouvoir d'appréciation).

Cependant, la Haute Autorité dit ne pas avoir assez de moyens pour réaliser un outil réellement performant, comme elle l'explique dans Le Monde, qui consacre une enquête à Linkstorm :

L'autorité, qui ne dispose que d'un développeur sur ce projet, insiste d'ailleurs sur la limite de ses moyens : "L'outil est en développement depuis six mois, et ne s'appuie sur aucun préexistant. Si on pouvait avoir une armée de développeurs, on irait plus vite. C'est un projet parmi d'autres. Dans l'idéal, ça aurait dû être open source [un travail communautaire sur le code], mais les relations avec la communauté ne nous le permettent pas."

Ainsi à l'entendre, le fait d'être la mal-aimée du web empêcherait l'Hadopi de mettre un code source sur Internet, et de créer un projet communautaire sur Github ou autre Sourceforge. Pourtant, ces plateformes et les communautés open-source ont mis en place depuis longtemps des outils de modération et de validation des contributions, qui permettent d'éviter tout vandalisme du code. Seules les modifications approuvées par des développeurs approuvés par les chefs de projets peuvent être introduites dans la version officielle. 

Selon nous, le principal risque à mettre l'outil open-source ne serait pas la réaction de la communauté, et son éventuel sabotage, mais son utilisation possible par les plateformes illégales, qui sont elles-aussi dans une recherche permanente d'optimisation de leur référencement. Il serait pour le moins critiquable qu'une autorité administrative française livre sur un plateau un outil que les spammeurs n'auront qu'à adapter à leurs besoins.

Par ailleurs, les conditions d'utilisation de Google interdisent l'usage de tels robots. Elles interdisent en effet "d’y accéder en utilisant une méthode autre que l’interface et les instructions que nous mettons à votre disposition". Or, selon Le Monde, Linkstorm "effectuera ses requêtes directement sur plusieurs centres de données plutôt que sur le service lui-même", en passant par des proxies pour masquer l'origine des connexions. L'Hadopi semble toutefois espérer une collaboration de Google.


Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.