Le mois dernier, la ministre de la Culture résumait à un agissement de quelques « groupuscules » l’opposition à sa loi Création et Internet exprimée par les 42.000 signataires d’une pétition contre la riposte graduée, la CNIL, l’ARCEP, l’ISOC, Free, le Contrôleur européen à la Protection des Données (CEPD), le Parlement Européen, la Commission Européenne, l’UFC-Que Choisir, la Quadrature du Net et d’autres groupements d’internautes ou de professionnels du net. Hier, elle résumait la Quadrature du Net à « cinq gus dans un garage« . Et maintenant, ce sont les députés socialistes opposés à son projet de loi qui sont qualifiés par la ministre de « grognards ».

Interrogée par 20 Minutes, Christine Albanel a indiqué qu’il sera « intéressant de voir ce que fait la gauche, car pour l’instant, à l’Assemblée nationale, nous n’avons entendu que quelques grognards de la DADVSI, qui ont une guerre de retard« . Une attaque étonnante de la part de celle qui défend un projet de loi destiné à chasser le P2P au moment où l’utilisation du P2P décline au profit d’autres modes de téléchargements ou de consultation en streaming contre lesquels l’Hadopi ne pourra rien faire. Et étonnante au regard de loi DADVSi, qui était effectivement une « guerre de retard » comme l’ont ensuite démontré les faits, lorsque les maisons de disques ont retiré les DRM que la loi était censée protéger.

Si la ministre est aussi aggressive, c’est qu’elle redoute la force de cette opposition qu’elle doit tenter de discréditer. Elle « pense » avoir une majorité de députés en faveur de son projet de loi, mais n’en est pas certaine. « Beaucoup de parlementaires ont gardé de mauvais souvenirs de la loi DADVSI, un texte complexe et répressif« , constate la ministre. « Nous faisons tout le contraire« , assure-t-elle néanmoins, en oubliant que la loi DADVSI préconisait sensiblement le même mécanisme de riposte graduée. Christian Vanneste, qui était rapporteur de la loi DADVSI, trouve néanmoins qu’aujourd’hui le projet de loi Hadopi « va trop loin« . C’est dire.

Par ailleurs, Christine Albanel fait elle aussi la publicité de Deezer, pour lequel il semble que le projet de loi est dessiné sur mesure. « Je vais souvent sur Deezer, je trouve formidable d’y trouver plus de 5 millions de titres gratuitement« , explique-t-elle. « Deezer et les autres sites légaux ne peuvent pas vivre dans un contexte dépourvu de régulation« .


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