Si vous utilisez Kazaa, sachez que bientôt et sans que vous ne fassiez quoi que ce soit, vous utiliserez non plus un logiciel, mais deux. Comment est-ce possible ? Et bien tout simplement parce que la société néerlandaise a implanté dans son logiciel phare un spyware (mini-logiciel permettant de délivrer des informations sur vos habitudes d’internautes à des annonceurs afin de mieux vous cibler), spyware qui à tout moment pourra devenir un logiciel de peer-to-peer parallèle destiné bien sûr à une application commerciale et publicitaire.

Le spyware en question provient d’une société Californienne, Brillant Digital Entertainment (BDE), qui avait signé l’an dernier un accord avec Kazaa BV afin d’intégrer dans le logiciel du même nom leur technologie de diffusion publicitaire. Rien d’anormal jusqu’à présent quand on sait que les publicités sont la seule source de revenu apportée par le logiciel gratuit. Mais les choses se compliquent quand on apprend que le spyware peut du jour au lendemain devenir sur ordre une sorte de logiciel de peer-to-peer parallèle.

Une stratégie commerciale finement menée

Entre temps, plusieurs millions d’utilisateurs ont téléchargé et continuent d’utiliser Kazaa quotidiennement avec en sous-tâche le spyware de BDE, dirigé par Kevin Bermeister. Relations prises entre les deux sociétés, BDE présente à Kazaa une tiers personne, l’australienne Nicola Hemming qui achète le logiciel Kazaa et les droits de diffusion aux néerlandais qui ne veulent pas s’occuper de la gestion commerciale de leur bébé et ont peur de se faire interdire par la justice de leur pays.
Bermeister crée alors Altnet, une société destinée aux services peer-to-peer, dont les fondateurs de Kazaa détiennent 49% du capital. BDE impose alors très facilement sa technogie de publicités partagées aux hollandais, dont une grande part de leur produit est placé entre les mains de l’australienne Nicola Hemming qui dirige Sharman Networks (vous me suivez ?).

Que ce cache t-il derrière cette taupe ?

Dans un rapport boursier remis lundi dernier, Bermeister a déclaré pouvoir déclencher les millions de logiciels en sommeil, probablement dans quatre semaines. BDE est jusqu’à présent spécialisé dans la diffusion de publicités 3D, mais ce système de partage publicitaire bâptisé Altnet Secureinstall va leur permettre de se connecter à d’autres logiciels de peer-to-peer ou à des serveurs d’annonceurs très facilement, sans passer par le réseau interne de Kazaa. Derrière ces possibilités se cachent celles de fournir très rapidement des publicités et des offres visées en fonction de vos recherches et de partager ces publicités sans passer par un serveur central comme c’est le cas actuellement avec tous les spywares. De plus, Altnet pourra mettre à jour son système indépendamment des mises à jour de Kazaa, et l’adapter pour d’autres services comme le calcul partagé, ou le stockage de données.

Une légalité toute relative du système

Une question importante se pose sur le choix de l’utilisateur. Devra t-il accepter d’être client d’Altnet au moment du « réveil », ou sera t-il obligé de l’utiliser ? Lorsque vous installez Kazaa, les conditions générales d’utilisation prévoit que l’utilisateur « donne l’autorisation d’accéder et d’utiliser les ressources et les capacités de stockage non exploitées sur [son] ordinateur et/ou sur [sa] bande passante pour l’accumulation de contenus et du calcul partagé ».
BDE promet de demander l’autorisation aux utilisateurs, et même d’offrir une contrepartie aux clients par des bons de réduction ou des vidéos gratuites. Permettons-nous d’y mettre un doute quand l’acceptation des conditions générales ci-dessus est formulée ainsi : « L’utilisateur reconnaît et autorise cette utilisation sans qu’elle ne donne droit à compensation »… Précisons que sans les présentes acceptations, Kazaa ne peut pas être installé (on peut cependant par la suite manuellement désinstaller Altnet).

Rendez-vous dans quelques semaines pour le réveil de la taupe…


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