L’épuisement des adresses IPv4 est plus que jamais une réalité. Lundi 25 novembre, le RIPE-NCC, un registre régional d’adresses IP qui alloue les adresses IPv4 pour l’Europe et le Moyen-Orient, a annoncé être « maintenant à court d’adresses IPv4 ». Sa dernière allocation concernait un ensemble de 1 024 adresses IPv4, qui a pu être constitué « à partir des dernières adresses restantes » à sa disposition.
Maintenant, que va-t-il se passer ? Pendant encore quelques temps, le RIPE-NCC sera en mesure de faire illusion : « Même si nous n’en avons plus, nous continuerons à récupérer les adresses IPv4. Celles-ci proviendront d’organisations qui ont cessé leurs activités ou qui sont fermées, ou de réseaux qui renvoient des adresses dont ils n’ont plus besoin », fait savoir le RIPE-NCC dans son communiqué.
Ainsi, quelques attributions pourront avoir lieu, mais cela ne comblera en aucune façon les besoins actuels, qui s’expriment en millions d’adresses IP. Par ailleurs, les quelques maigres ressources récupérées ici et là ne bénéficieront pas à tout le monde. Une liste d’attente est mise en place, ainsi qu’un rationnement (une seule allocation), afin de prioriser les demandeurs qui n’ont jamais rien reçu.
Énième appel à basculer sur IPv6
Sans surprise, le RIPE-NCC appelle toutes les parties à presser le pas dans la migration vers IPv6. « Sans un déploiement IPv6 à grande échelle, nous risquons de nous diriger vers un avenir où la croissance de notre Internet sera inutilement limitée — non pas à cause un manque d’ingénieurs réseau qualifiés, d’équipement technique ou d’investissement — mais par une pénurie d’identificateurs de réseau uniques ».
Les adresses IP sont en effet des plaques d’immatriculation sur Internet. En principe, une adresse est attribuée de façon unique à un terminal (un PC, un smartphone, un serveur, un objet connecté). Le système actuel, IPv4, permet de créer 4,3 milliards de plaques. Cela semblait suffisant il y a vingt ans. Aujourd’hui, il est nécessaire de mettre en place des astuces techniques pour pallier la pénurie.
IPv6 permet pour sa part de générer 340 sextillions d’adresses (un 1 suivi de trente-sept 0), ce qui laisse à penser que la situation que l’on rencontre aujourd’hui avec IPv4 ne se produira pas de sitôt avec son successeur. En fait, elle pourrait même ne jamais survenir, tant l’espace d’adressage est vaste. Il peut être difficile de se représenter un nombre tel que 340 sextillions.
L’ICANN, qui supervise les noms de domaine, dresse un parallèle vertigineux : l’orbite de la Terre autour du Soleil est assez grande pour contenir 3 261 autres Terres. Or, pour utiliser toutes les adresses IPv6, il en faudrait… 21 587 961 064 546 ! C’est à dire, environ 21 500 milliards de Terres. À titre de comparaison, la Voie Lactée compte environ 400 milliards d’étoiles, selon les estimations hautes.
L’avertissement du RIPE-NCC fait écho à celui du régulateur français des télécoms, qui a mis en garde en novembre qu’Internet « cessera de grandir » faute de pouvoir ajouter de nouvelles machines sur le réseau, à cause de l’impossibilité de leur attribuer une adresse. Or, regrette l’autorité administrative, « La majeure partie des acteurs n’envisagent pas un déploiement qui permettrait de répondre à la pénurie d’IPv4 ».
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