Toutes les semaines dans Bullshit Thérapie, Vinvin questionne la technologie qui nous entoure et le numérique qui nous transcende. Aujourd’hui, il a dialogué avec un jeune entrepreneur fictif. Toute ressemblance avec une situation réelle serait fortuite.

Dans le monde merveilleux du numérique, chaque jour des startups annoncent fièrement qu’elles viennent de lever des millions pour « consolider leur position sur leur marché » et « accélérer leur développement à l’international ». TravelerCar, Invivox, Critizr, un million par-ci, trois millions par-là, nous observons les heureux entrepreneurs poser pour la photo, tout sourire, en rêvant d’aller au bout… Mais pour un projet qui lève, combien sont totalement aux fraises ?

Dans mes rêves, j’ai rencontré un entrepreneur du net.

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Shutterstock (visuel non contractuel)

Lui (vingt-trois ans, énergique, très sympa) : Alors voilà, on vient de lever des fonds ! Le pitch il est super simple : on crée une plateforme qui met en relation des gens qui ont perdu leur mot de passe avec des gens qui le connaissent, des tiers de confiance… Je te donne un exemple, t’es là sur ton mobile, je peux te tutoyer ? Et donc t’es là, tu veux faire un selfie devant le Taj Mahal et le poster sur Facebook, Instagram et tous les autres, mais pendant que tu voyageais Facebook a fait une mise à jour et te demande à nouveau ton password et là t’es en panique parce que t’avais fait un nouveau mot de passe avec des majuscules, des chiffres et des caractères spéciaux genre le point d’exclamation. Mais t’es en Inde et tout et t’es pas bien, tu ne te souviens pas de ton propre système de chiffrage que tu t’étais inventé.

D’habitude tu fais quoi ? T’avais stocké ton password sur tes brouillons Gmail sauf que là avec le jet lag t’es tout pas bien, tu te souviens pas de ton password Gmail non plus. T’es tout seul au bout du monde et impossible de poster ton selfie… T’es mal ! Avec GoGoPass c’est réglé, tu cliques sur l’appli et dans le menu tu cliques sur le service dont t’as perdu le password et bim ça envoie un sms à la personne humaine à qui t’avais confié le password et bim la personne te le renvoie par SMS et c’est plié tu peux poster ton super selfie et la vie reprend son cours. C’est carrément un besoin primaire que t’es en train de régler. Là, le concept c’est génial c’est que c’est un humain qui stocke ton mot de passe, c’est hyper durable et tu dépends pas de Google ou des Chinois…

Moi : Pas mal. Mais avec le décalage horaire, si la personne elle dort ?

Lui : On y a pensé. C’est pour ça que le mieux c’est si tu peux donner ton password à au moins deux tiers de confiance comme ça t’es tranquille. Genre ta grand-mère et ta mère. Et surtout quelqu’un qui vivrait dans un autre créneau horaire. Si t’as un pote en Inde c’est mieux par exemple…

Moi : Ok. Et comment on fait si ma grand-mère et ma mère elles perdent mon mot de passe ?

Elle est super ton objection

Lui : Mais ouais, mais grave, elle est super ton objection. On y a pensé. Ce qu’on recommande aux clients c’est de demander à leurs tiers de confiance de noter ton password sur un cahier comme ça en cas de problème elles peuvent te le redonner…

Moi : OK. Mais du coup autant que je le note moi directement dans un cahier ?

Lui : Ok, elle est super ton objection. Pour le moment on se dit que c’est mieux que ce soit pas le propriétaire du password qui possède le cahier parce que si on te vole ton cahier t’es mal alors que personne pensera à piquer le cahier de ta grand mère. CQFD…

Moi : Et le modèle économique c’est quoi ?

Lui : On y travaille. « Work in progress », comme on dit !

Moi : C’est qui « on » ?

Lui : « On », c’est moi pour l’instant. On pense que les gens seront prêts à payer le service genre 3 euros par mois tu vois c’est le prix d’un café en terrasse. Pour le prix d’un café t’es tranquille, t’es pas victime. Si seulement 1 % des internautes s’abonnent, dans notre business plan on est profitable en 18 mois et dans deux ans on ouvre un bureau à Toulouse, parce que j’adore Toulouse. L’avantage d’être entrepreneur tu vois. Tu dépends pas d’un lieu…

« On », c’est moi

Moi : C’est super… Et donc tu as levé des fonds ? C’est top, combien tu as levé ?

Lui : Là on est parti sur une première levée de 7 000 euros. Un institutionnel qui croit au projet, ils sont à fond !

Moi : Ah oui, c’est qui ?

Lui : Ma banque. Ils m’ont fait un taux correct.

Moi : T’as pris un crédit conso en fait…

Lui : Ouais, comme ça t’es pas obligé de filer des parts de ta boîte, t’as pas de pression, t’es libre de ta stratégie. Si je suis correctement les prévisions de mon Business Plan, dans 18 mois c’est remboursé et je peux consolider ma position sur le marché.

Moi : C’est top.

Lui : Et accélérer le développement à l’international !

Vinvin sera sur scène en mai au Sentier des Halles


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