Face au tollé provoqué par la certification d’un suprémaciste blanc, Twitter a annoncé la suspension temporaire de ce processus permettant d’obtenir le fameux badge bleu sur son profil. Le réseau social reconnaît que sa signification n’est pas claire et promet d’améliorer ce système jugé « en panne ».

Juste après avoir clarifié ses conditions d’utilisation et promis de redoubler d’efforts contre les contenus haineux, Twitter a provoqué un tollé pour avoir accordé une certification — le fameux badge bleu qui s’affiche à côté d’un profil pour « assurer l’authenticité d’un compte d’intérêt public » —  à un suprémaciste blanc. Dans un souci d’apaisement, le réseau social a annoncé la suspension temporaire des certifications.

La grogne a commencé mardi 7 novembre, quand Twitter a accordé ce sésame convoité au compte de Jason Kessler, l’un des organisateurs du rassemblement de suprémacistes blancs à Charlottesville cet été — qui s’était soldé par la mort d’une manifestante anti-raciste. L’intéressé s’en est félicité dans un tweet : « J’ai ENFIN été certifié par Twitter. Je dois être le seul représentant des travailleurs blancs à bénéficier de cette distinction. »

https://twitter.com/TheMadDimension/status/927991727088177152

De nombreux utilisateurs de Twitter ont protesté contre cette certification jugée scandaleuse, à l’instar du comédien Ian Black, qui a directement interpellé Jack Dorsey, fondateur et patron du réseau social : « Je suis un utilisateur très actif, avec 2,1 millions d’abonnés : c’est répugnant. Certifier des suprémacistes blancs renforce le sentiment de plus en plus répandu que votre site est une plateforme [encourageant] les discours haineux. Je ne veux pas abandonner Twitter mais je n’aurai peut-être pas le choix. Qui est le plus important pour vous, les utilisateurs comme moi ou comme lui ? »

Twitter reconnaît un manque de clarté autour de la certification

Jack Dorsey a directement reconnu les failles de ce badge — « Nos agents ont suivi la méthode de certification comme il le fallait, mais nous avons réalisé il y a un moment que le système est cassé et doit être revu. » — alors que Twitter admettait parallèlement le manque de lisibilité autour de cette certification.

« [Elle] est censée confirmer l’identité et la voix de l’utilisateur mais elle est perçue comme un soutien ou un signe d’importance. Nous reconnaissons avoir créé cette confusion et il faut qu’on la résolve. Nous avons suspendu toutes les certifications et nous reviendrons vite à ce sujet après avoir travaillé dessus » expliquait ainsi la plateforme jeudi 9 novembre.

Sur son centre d’assistance, Twitter précise qu’il certifie les comptes « dans les domaines de la musique, du spectacle, de la mode, du gouvernement, de la politique, de la religion, du journalisme, des médias, du sport, des affaires et d’autres centres d’intérêt clés » et invite les utilisateurs estimant que leur compte « présente un intérêt public » à faire une demande de certification.

Difficile toutefois de déceler le moindre « intérêt public » sur un compte essentiellement consacré à la défense d’une prétendue suprématie blanche, comme celui de Jason Kessler, qui conserve sa certification malgré le scandale. Pour ne rien arranger, Twitter est confronté, comme Instagram et Facebook, à un juteux marché noir des certifications.

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