Un diplômé de la Faculté de Pharmacie de Paris vient de lancer une application mobile, Pharmapocket. L’app permet de scanner les codes barres des produits cosmétiques et de décrypter leur composition à l’aide de pictogrammes simples. Nous l’avons testée, et rencontré son créateur.

Aluminium chlorohydrate, dimethicone, propylparaben, sodium laureth sulfate… Dans les rayons d’une pharmacie, il n’est pas toujours aisé de comprendre la liste des ingrédients d’un produit que vous hésitez à acheter.

Un constat dont la health tech commence (doucement) à s’emparer ; en France, les applications mobiles capables de décrypter des substances présentes dans les produits cosmétiques proposent, pour l’heure, une offre limitée. Pas toujours traduites en français, ou lecture des codes barres inefficace… la majorité de ces app laisse encore à désirer.

Depuis le 7 septembre 2017, une application française vient de faire son apparition dans le secteur, et semble après presque trois semaines de lancement tirer son épingle du jeu. Baptisée Pharmapocket, cette app s’est donné pour objectif d’aider les consommateurs à mieux choisir leurs produits cosmétiques, achetés en pharmacie, grâce à une analyse de leur composition.

Pharmacie de poche

Son fonctionnement est facile à adopter : une fois l’app téléchargée, il vous suffit de scanner le code-barre des produits dont vous voulez comprendre la composition, par l’intermédiaire de la caméra de votre smartphone. Si le produit est reconnu, Pharmapocket affiche alors sa photo, la liste de ses ingrédients — avec des pictogrammes permettant de savoir lesquels sont nocifs — ainsi qu’une note globale.

Des pictogrammes clairs et simples

Un petit tour dans une pharmacie nous a permis de constater que le procédé était relativement efficace. Sur une quinzaine de produits attrapés au hasard sur différentes étagères, presque la moitié ont été correctement identifiés. Quatre autres ont été reconnus, mais leur fiche est encore incomplète pour l’instant. Seuls les codes barres de trois produits testés n’ont pas réussi à être lus par l’app.

Pharmapocket a identifié sans problème des produits courants comme des crèmes, du dentifrice, du shampoing ou des déodorants. Elle s’est montrée moins efficace sur certains produits plus spécifiques (quand nous lui avons soumis, par exemple, des protections périodiques, des tests de grossesse ou des préservatifs). Nous avons apprécié la clarté des pictogrammes permettant de savoir en un coup d’œil quels étaient les composants nocifs, et le fait que l’app nous propose des produits alternatifs.

Pharmapocket

Pharmapocket

Derrière le nom sympathique de cette application se cachent des professionnels du secteur pharmaceutique. C’est en effet à la Faculté de Pharmacie de Paris, rattachée à l’Université Paris Descartes, qu’est née l’idée de ce projet en 2015. Hugo Berrebi est alors étudiant ; il travaille régulièrement dans des pharmacies pour apprendre le métier et gagner un peu d’argent. « J’ai rapidement constaté que le pharmacien n’est pas toujours disponible pour aider le consommateur, nous raconte-t-il. Et quand il l’est, il n’est pas toujours capable de déchiffrer les ingrédients des produits cosmétiques. »

« Le pharmacien ne sait pas toujours déchiffrer les ingrédients »

En juin 2015, l’étudiant crée sa startup. Son ambition : proposer une app capable de conseiller ses utilisateurs sur un large catalogue de produits cosmétiques vendus en pharmacie. « L’idée était vraiment de faire quelque chose de personnalisé, en posant une série de questions à l’usager pour qu’il arrive à la fin à un échantillon réduit de trois produits qui correspondent à son besoin », poursuit l’ancien étudiant, et désormais docteur en pharmacie.

Hugo Berrebi planche sur une version bêta de Pharmapocket, qui sort au début de l’année 2017. « On avait fait ça en mode pharmacien, avec une dizaine de boutons sur l’écran principal, c’était trop compliqué, se remémore-t-il. Nous avons présenté notre projet au doyen de la Faculté de Pharmacie. Quand nous l’avons revu, il était accompagné de nos professeurs et d’une quinzaine d’étudiants. Depuis, la faculté a d’ailleurs intégré un pôle dédié aux startups, pour accompagner les étudiants qui veulent apporter des innovations en pharmacie. »

Un inventaire de 5 500 produits

Pharmapocket

Pharmapocket

Avec l’aide d’une pharmacienne spécialisée en cosmétologie, près de 5 500 produits sont alors décryptés et codés pour être intégrés dans Pharmapocket. Le processus nécessite un inventaire de deux ans. « C’était un travail monstre de collecter toutes ces informations les unes après les autres. Bien évidemment, nous n’avons pas encore tout enregistré. Mais sachant qu’on compte au total 22 000 références en cosmétique dans les pharmacies, ça représente déjà une bonne partie des produits. Nous nous sommes concentrés sur les plus courants », relate le pharmacien.

Grâce à une subvention accordée par la Bpifrance, à hauteur de 50 000 €, le volet informatique de Pharmapocket est alors amélioré pour sortir début septembre 2017 une version au design plus ergonomique.

« Sur l’application, deux options s’offrent à vous. Vous pouvez scanner directement le code-barre du produit, ou demander des conseils personnalisés. Cette deuxième option nécessite de répondre à une série de questions, qui permettent d’opérer un tri dans la base de données de l’app. Pour aller plus vite, nous avons ajouté une option ‘conseil rapide’. » Dans les deux cas, Pharmapocket vous propose un échantillon de trois produits, afin de ne pas vous perdre sous une montagne d’informations.

Bientôt une version premium

Pour l’instant, Pharmapocket ne génère aucun revenu pour son créateur. « Nous refusons d’être financés par des laboratoires, car nous voulons rester indépendants. Notre objectif est désormais de créer un dashboard pour nous financer, toujours avec l’idée que la pharmacie est un commerce de proximité », nous annonce le startuppeur.

« Nous voulons rester indépendants »

L’analyse des produits et de leurs données sera ainsi monnayée dans une version premium de l’app, destinée aux pharmaciens. Hugo Berrebi espère pouvoir compter sur une deuxième levée de fonds d’ici janvier 2018 afin de créer cette nouvelle version de Pharmapocket. Les consommateurs y seront également informés par notifications des produits présents dans leur pharmacie, et adaptés à leur profil.

Depuis son lancement, l’app gratuite se pare enfin d’une dimension collaborative. « Dès qu’un utilisateur scanne un produit qui n’est pas inclus dans notre base de données, je peux le voir. Ce qui signifie que je n’ai même plus besoin de chercher le code-barre des produits pour pouvoir enrichir la base de données », s’enthousiasme Hugo Berrebi.

Pharmapocket est dès à présent disponible sur iOS et Android.


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