Alors que Volvo annonçait il y a moins d’une semaine une transition de sa production vers l’électrique et l’hybride, la pression pour en finir avec les voitures thermiques s’accentue. Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ainsi que le développement des voitures électriques semblent concorder à mettre fin au vieux monde des voitures uniquement thermiques. Et pourtant, c’est un objectif sur deux décennies qu’a affiché ce matin Nicolas Hulot, ministre de l’environnement, lors de sa conférence de presse sur le Plan Climat.
Le Ministre synthétise la problématique autour de cette échéance : 2040, c’est moins que l’Inde et son 2030, mais cela reste « lourd » pour les constructeurs automobiles. Contraint par l’industrie française ainsi que le pouvoir d’achat des plus fragiles qui n’ont pas encore accès aux onéreux systèmes les moins polluants, l’ancien présentateur de télé souhaitait clarifier une date sans brusquer. Ce qui semble être déjà, pour lui, une « véritable révolution ».
Tout un symbole… lointain
Pascal Canfin, directeur général de WWF, se félicite de la « feuille de route industrielle impulsée par M. Hulot » mais tient à nuancer, il ne s’agit pas pour l’ancien ministre écologiste d’une solution « futuriste ». « Cette date ne sort pas du chapeau de Nicolas Hulot, dit-il à BFM, de nombreux autres pays ont déjà leurs propres objectifs, parfois plus ambitieux que celui de la France, comme l’Inde ou les Pays-Bas » explique l’écologiste devant les caméras.
Greenpeace voit pour sa part un « cap intéressant » mais questionne, sceptique : « Quelles sont les premières étapes [vers cette transition], et comment faire de cette ambition affichée autre chose qu’un énième espoir déçu ? ». L’association écologiste regrette un manque de « solutions concrètes ».
Contacté par Numerama, Sylvain Trottier, porte-parole de Greenpeace, rappelle avoir été « échaudé par les déclarations incantatoires du gouvernement précédent » et se montre désormais prudent. Le porte-parole ajoute que sans « l’ébauche d’une méthode, il n’y a pas de transition ». Pour lui, l’option dévoilée par M. Hulot, des primes sur les véhicules moins polluants et un ajustement fiscal, ne suffira pas. Au contraire : « Le discours sur les primes semble montrer que le cadre du véhicule individuel n’est pas remis en question. Sans un début de réflexion sur les transports en commun et la mobilité, 2040 est un objectif qui laisse dubitatif » analyse M. Trottier.
2040 ? Tout va bien pour les constructeurs
Côté constructeurs français, la sérénité est de rigueur. « Tout va bien » nous dit-on en guise d’introduction du côté de la CCFA (Comité des Constructeurs Français d’Automobiles). François Roudier, porte-parole de l’organisation tranche avec simplicité lorsqu’on lui demande si l’échéance est jouable : « oui ».
Les primes à venir sur les véhicules propres semblent rassurer les constructeurs qui par le CCFA font savoir leur satisfaction : « C’est déjà la solution technologique vers laquelle nous nous dirigeons », souhaite rappeler M. Roudier à France Info. Par ailleurs, le représentant des grands groupes français se félicite que les véhicules hybrides fassent partis de la solution… quitte à ne pas tout à fait en finir avec le moteur thermique.
La faisabilité ne serait dès lors qu’une question politique mêlant incitations et changement de modèle ? Il y a comme un paradoxe à voir les constructeurs automobiles soutenir la charge de M. Hulot envers la voiture thermique. Au CCFA on balaye cette idée : « vingt-trois ans, ça laisse de la marge ». Comprenez, pour le moment, c’est surtout symbolique.
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