Dans sa dernière décision, le juge en charge du litige entre Waymo (Google) et Uber à propos d’un vol de technologie autour de la voiture autonome, ordonne au second de restituer les 14 000 fichiers dérobés avant le 31 mai. Il ne donne pas pour autant entièrement raison aux demandes formulées par Waymo.

« Ce qu’il faut retenir, c’est que les preuves indiquent qu’Uber a bien recruté [Anthony] Levandowski alors que [l’entreprise] savait ou aurait dû savoir qu’il possédait 14 000 fichiers confidentiels de Waymo. » Les mots sont signés du juge William Alsup, dans sa décision du 15 mai, qui marque un nouveau revers pour Uber, quelques jours après s’être vu refuser une demande d’arbitrage dans son litige avec l’entreprise de Google dédiée aux voitures autonomes.

Le juge lui ordonne désormais de restituer, d’ici au 31 mai à midi, les 14 000 fichiers dérobés par l’ingénieur Anthony Levandowski à Waymo avant son départ de l’entreprise et son futur recrutement par Uber. Celui-ci s’est fait après la fondation par Anthony Levandowski d’Otto, une startup dédiée aux camions autonomes, finalement rachetée par Uber. Waymo accuse le leader des VTC d’avoir dérobé sa technologie concernant les voitures autonomes, en se servant d’Otto comme d’une coquille vide pour s’offrir le cerveau (et les fichiers) d’Anthony Levandowski.

William Alsup a estimé que des « preuves irréfutables » attestent de ce vol, qui touche notamment à la technologie des capteurs Lidar, au cœur du conflit (et de la course à la voiture autonome) :  « Une partie des informations contenues dans ces fichiers, si ce n’est les fichiers eux-mêmes, a filtré dans les travaux de développement du Lidar de Uber ». Anthony Levandowski se voit en même temps interdire tout travail sur le Lidar jusqu’à nouvel ordre, même si Uber avait déjà annoncé qu’il serait mis à l’écart le temps du litige.

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Waymo n’obtient pas entière satisfaction

Le juge va donc clairement dans le sens de Waymo, même s’il ne donne pas entière satisfaction à ses demandes : il a ainsi refusé d’interdire à Uber tout son travail sur la voiture autonome, contrairement aux attentes de Google. Il souligne aussi que certaines demandes de l’accusation sont excessives : « Tous les 121 secrets commerciaux [prétendument violés] mentionnés par Waymo ne relèvent pas de ce qualificatif, et peu ont été retrouvés dans la technologie accusée.  Les accusations de violation de brevet portées par Waymo sur ce sujet sont aussi infondées. »

Pour John Coffee, professeur de droit à l’université de Columbia cité par le Washington Post , l’impact de cette décision est notable : « [Le juge] est convaincu que Levandowski est coupable et qu’Uber l’a recruté en le sachant. Il affirme  que certaines de ces informations sont volées […] et sur le long terme cela aura un impact dévastateur sur Uber. » À l’avenir, l’entreprise devra aussi faire face à l’alliance annoncée entre Waymo et son principal concurrent VTC, Lyft.

Waymo s’est félicité de cette avancée qui interdit à Uber l’utilisation « de documents volés contenant des secrets commerciaux ».  De son côté, Uber reconnaît être soulagé de pouvoir continuer ses travaux technologiques : « Nous avons hâte d’arriver au procès et de pouvoir continuer à prouver que notre technologie a été réalisée de manière indépendante depuis l’origine. »

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