De l’extérieur, on pourrait la prendre pour une salle de sport. Le public visible derrière les vitres légèrement opaques est en mouvement constant, qu’il soit assis, en train de tourner sur son tabouret coulissant, allongé sur le ventre dans une machine imposante, ou tout simplement debout à agiter les poings face à un écran.
Certains transpirent même à grosses gouttes sur les rameurs installés près de la vitre. Mais les points communs s’arrêtent là : dans le mk2 VR, les visiteurs ont tous un casque de réalité virtuelle sur la tête.
HTC Vive, Oculus Rift, PS VR… la salle, qui ouvre ses portes au public ce 9 décembre, réunit les appareils des meilleurs constructeurs afin de proposer le maximum d’expériences sur 12 bornes différentes. Le tout est installé dans une pièce cubique au design épuré, sur l’esplanade François Mitterrand du 13ème arrondissement parisien.
De l’immersion contemplative, grâce à une vidéo à 360 degrés à la rencontre des dinosaures et du basketteur américain LeBron James, au Birdly, une machine imposante qui permet de simuler avec tout son corps un vol plané dans les cieux, la salle s’adresse à tous les publics à partir de 6 ans.
Mais ce qui frappe d’emblée, dans le mk2 VR, c’est l’absence de fils et de cloisons, les deux plus grands obstacles à la réalité virtuelle. Elisha Karmitz, directeur général du groupe, est particulièrement fier de cette singularité, lui qui a initié ce projet il y a deux ans : « La construction des lieux a été rapide, elle a seulement pris trois mois. Mais le plus long, ça a été d’établir une stratégie et de concevoir les lieux : au niveau du design, rien n’existait jusque-là, donc on avait carte blanche. »
Les seuls cordons visibles sont ceux des casques — de réalité virtuelle et audio — disposés devant chaque écran. L’utilisateur, quelle que soit sa taille, n’a plus qu’à s’approcher et à tirer dessus pour l’enfiler. Il peut aussi, sur certaines bornes, venir décrocher les manettes disponibles.
Le vaste espace dont il dispose autour de lui garantit son immersion complète dans l’univers tandis que la personne qui l’accompagne peut observer, sur l’écran installé en hauteur, sa progression virtuelle. À moins qu’elle préfère elle-même s’essayer à une autre borne pendant ce temps-là tandis que leurs affaires reposent en toute sécurité dans l’un des 16 casiers transparents disposés à l’entrée.
Une programmation calquée sur le modèle des salles de cinéma
Au-delà de son aspect pratique, l’espace est aussi construit de manière totalement réversible pour permettre des privatisations thématiques : si nécessaire, les 12 bornes peuvent ainsi être entièrement consacrées à l’Oculus Rift. La salle est prévue pour accueillir une vingtaine de personnes en même temps et ainsi éviter les cohues.
Dans l’immédiat, le mk2 VR propose, à l’instar d’une salle de cinéma, une programmation variée : une bataille dynamique avec des adversaires robotiques dans Space Pirate, une session d’escalade haletante sur The Climb, de falaise en falaise, grâce aux manettes Oculus Touch… On se surprend à oublier la salle qui nous entoure une fois immergé dans la réalité virtuelle, notamment grâce à l’immersion sonore garantie par les casques audio.
Les amateurs de sport ne seront pas en reste avec la borne des rameurs à eau, qui permet de se muscler au sein d’une barque progressant — selon notre propre vitesse — sur l’Antarctique, dans l’antique Babylone ou encore à bord d’un vaisseau pour les amateurs d’exploration spatiale. Le jeu signé Holodia permet aussi d’affronter un(e) ami(e) tout en visualisant, dans son casque, les calories brûlées en temps réel.
L’expérience la plus impressionnante reste le Birdly, une invention de la société suisse Somniacs : on s’allonge à l’intérieur comme un oiseau, les bras étirés sur le côté, dans des ailes mécaniques dotées d’un bouton.
Il suffit ensuite d’agiter ses ailes pour modifier sa trajectoire aérienne au dessus de Manhattan et tenter de se rapprocher de King Kong, sur le sommet de l’Empire State Building tout en sentant le vent nous souffler sur le visage grâce à un système de ventilation bien pensé.
Dans la continuité d’une salle de cinéma, le mk2 VR proposera chaque mercredi de nouvelles expériences, dont des films d’animation conçus par le studio Felix & Paul adaptés à la réalité virtuelle. Elisha Karmitz précise : « On espère offrir une à quatre nouveautés par semaine. L’idée est vraiment d’offrir une programmation variée selon l’actualité et nos coups de cœur. » Ainsi, pour accompagner les sorties imminentes du film Assassin’s Creed et de Rogue One, l’espace inclut en ce moment deux univers de réalité virtuelle liés à chaque franchise (Battlefront : X Wing Mission dans le cas de Star Wars).
Avec ce nouvel espace, l’exploitant de cinéma mk2, fondé en 1974, veut devenir le pionnier d’un domaine dont on parle beaucoup mais qui reste finalement peu connu du grand public, notamment à cause de son coût prohibitif. Les phobiques regretteront toutefois de devoir porter des casques qui ont vu passer avant eux des utilisateurs souvent transpirants.
12 € les 20 minutes, 20€ pour une session de 40 minutes
Pour accéder au mk2 VR, ouvert du mercredi au dimanche, le public passe d’abord par un bar d’inspiration asiatique construit à l’entrée. L’objectif est clair : faire de cet espace un lieu de convivialité, qui permet autant de s’offrir une immersion en réalité virtuelle avec des amis avant d’aller boire un verre, que de se distraire en attendant le début d’une séance dans le cinéma voisin. « C’est aussi un moyen de réconcilier les couples, qui n’auront plus à choisir entre une soirée jeux vidéo entre potes et un tête-à-tête en amoureux », s’amuse Elisha Karmitz.
Plongée dans l’inconnu oblige, le directeur général du groupe précise que l’espace reste sujet à de nombreuses évolutions. Pour l’instant, la session de 20 minutes coûte 12 €, contre 20 € pour 40 minutes. En cas de succès — Elisha Karmitz vise 100 000 « spectateurs » d’ici un an, en incluant les outils de réalité virtuelle qui seront installés progressivement dans tout le complexe mk2 Bibliothèque –, le groupe prévoit d’ouvrir de nouvelles salles à Paris et à l’international.
D’ici peu, vous parlerez peut-être de vos soirées en disant : « Tu te souviens quand on a vu LeBron James m’a quasiment dunké dessus, et que tu as failli tomber d’une falaise en pleine escalade ? » Elisha Karmitz est en tout cas convaincu de l’avenir radieux de la réalité virtuelle : « C’est une vraie révolution pour tous les usages. Ce n’est ni un remplacement ni un complément du cinéma. C’est, comme la photographie ou la peinture, une autre forme de divertissement ».
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !