Elles devaient constituer un élément-clé de la stratégie américaine pour rivaliser face à l’expansion rapide de la flotte navale chinoise. Mais aujourd’hui, les frégates Constellation de la marine américaine sont officiellement abandonnées.
Le secrétaire de la Navy, John C. Phelan, l’a fait savoir le 25 novembre 2025 dans une vidéo diffusée sur X : « Je ne dépenserai pas un seul dollar si cela ne renforce pas notre niveau de préparation ou notre capacité à gagner. »
L’épilogue précoce d’un programme militaire qui avait déjà vu la première livraison accumuler plus de trois ans de retard.
La flotte complète devait compter 20 navires
Pour revenir à la genèse de ce fiasco, il faut remonter en 2020. La marine américaine fait alors le choix du modèle européen FREMM (FRÉgates Multi Missions) du constructeur italien Fincantieri, avec pour ambition de bâtir rapidement sa future flotte de frégates.
Une livraison rapide est déjà une priorité à l’époque : le modèle existe déjà et la Marine ne souhaite y apporter que des modifications.
Intéressant sur le papier, mais dans les faits, les modifications à apporter au premier navire s’accumulent afin de se conformer aux normes de survie américaines, plus strictes. Ces retards ont entraîné un report de la livraison du premier navire. Initialement prévue pour 2026, elle est repoussée à 2029, avec un coût supplémentaire d’environ 1,5 milliard de dollars.
Le projet initial prévoit alors 20 navires, mais cet objectif est rapidement révisé face aux difficultés. Pourtant, avec un déplacement d’environ 7 200 tonnes, ces frégates étaient pensées comme un complément idéal aux destroyers lance-missiles Arleigh Burke de 10 000 tonnes, qui demeurent l’épine dorsale de la flotte américaine, comme le rappelle CNN.
En dehors des navires de combat littoral de 3 500 tonnes, la marine américaine ne possède plus de frégates depuis le désarmement de l’USS Simpson en 2015, une situation que CNN compare avec inquiétude à l’expansion rapide de la flotte chinoise : « Durant cette période, les chantiers navals chinois ont produit des navires de guerre à un rythme effréné, la Chine dépassant les États-Unis en taille de flotte depuis plusieurs années. »
Les « menaces de demain » au cœur des inquiétudes américaines
Car c’est bien de cela dont il s’agit. Si, dans son allocution, John C. Phelan évoque les « menaces de demain » sans jamais les nommer, la réalité de la course à l’armement face à la Chine s’entend en filigrane.
L’abandon du programme Constellation laisse la marine américaine avec un manque important dans ses capacités anti-sous-marines, pour l’escorte de ses porte-avions et la protection de sa flotte. Les navires Constellation devaient, entre autres, être équipés d’un sonar de pointe.
Vers quoi l’Oncle Sam va-t-il désormais se tourner ? Certains y voient l’opportunité pour les États-Unis de concrétiser les avancées en matière de navires autonomes, comme le Large Unmanned Surface Vehicle (LUSV), présenté comme un « navire à faible coût, à grande endurance et reconfigurable, capable d’embarquer diverses charges utiles modulaires ». Pourtant, la priorité affichée demeure avant tout d’« augmenter la taille de la flotte plus rapidement. »
La construction des deux premiers navires, le Constellation (FFG-62) et le Congress (FFG-63), entamée avant l’arrêt du programme, ne sera pas interrompue dans l’immédiat, afin de préserver les emplois au chantier naval.
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