Mon fils a 5 mois et il n’est donc pas prêt de doomscroller du brainrot sur TikTok. En bons parents informés des dommages du numérique sur les cerveaux et le développement des plus jeunes, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ses yeux ne se posent pas sur une dalle lumineuse – smartphone, ordinateur, TV, tablette. Si cela se passe plutôt bien, un produit en particulier rend mon fils complètement dingue et je ne peux pas y faire grand-chose : mon Apple Watch Ultra.
Le graaaaaaappin
Au départ, comme souvent avec les bébés, les mouvements étaient accidentels. Dans mes bras, le minot s’agite, touche l’écran par erreur, ce qui allume la Watch. Parfois, les gestes répétés, toujours accidentels, déclenchent un scroll ou lancent une application. Et puis les mouvements se sont faits plus précis : un jour, je l’ai vu tendre ses deux bras vers la montre, dans une obsession que seuls les humains de cet âge connaissent. La concentration est totale, rien ne pourrait le déranger : il faut attraper la Watch. C’est ce jour-là que j’ai commencé à appeler ça « Le graaaaaapppppin » en référence aux aliens de Toy Story et leur fascination pour la divine pince qui vient les chercher.


Un détail n’aide pas : le bracelet Alpine Loop orange fluo que j’utilise cumule tout ce que les gamins de son âge adorent, à savoir une couleur très vive et une texture rugueuse et élastique qui fait du bruit quand on la touche. Entre le bracelet, le boîtier de la montre et le fait qu’une chose bouge au toucher sur un écran, on a vraiment les composés chimiques d’une drogue efficace pour un petit 2025.

Mais alors quoi ? Je le laisse jouer avec et tant pis s’il voit cet écran, difficilement masquable ? Ce qui est intéressant, c’est que la réponse n’est pas évidente. Tout le monde connaît les recommandations de l’OMS et des pédiatres et notamment l’impératif catégorique : pas d’écran avant 3 ans ! Mais peu de ressources mettent en lumière les nuances qu’on peut apporter. Par exemple, la visioconférence avec les grands-parents est une exception. Comme souvent, pour être modéré dans son approche d’un sujet, il faut chercher la balance bénéfice/risque. Si l’écran est utilisé pour un appel avec les grands-parents ou la famille qui ne vit pas au même endroit, alors le bénéfice de sociabilisation de l’enfant et son travail sur sa reconnaissance des visages l’emporte sur les interdits de l’écran. Les pédiatres bien informés le confirment : une visio courte, de temps en temps, avec de la famille, n’est pas un danger pour le développement du petit.
La montre connectée, en revanche, est encore assez largement un impensé. Elle n’a probablement pas eu l’attention des sociétés de pédiatrie, car plus récente et moins évidente qu’un smartphone, une télé ou un ordinateur. Elle n’est pas non plus le réceptacle pour des contenus qui ramollissent le cerveau : on est rarement passifs à regarder des vidéos abrutissantes sur une montre connectée. Le plus animé sera, peut-être, un programme sportif. Autrement, les écrans affichent l’heure, du texte ou des images et la luminosité est ajustée en permanence (à la baisse) pour économiser l’énergie de la toute petite batterie. J’aurais du mal à croire qu’une montre connectée, bien étudiée dans ce contexte, présente lors d’une étude les mêmes désagréments qu’un autre écran.
À ce jour, et à ma connaissance, aucune étude scientifique n’a analysé les conséquences ou les effets des montres connectées sur les bébés spécifiquement : ce sont donc les recommandations générales qui sont en vigueur. Désolé petit Abel, en l’absence de preuve, je continuerai à lutter et à passer la montre en mode spectacle : pas de grappin avant 3 ans.
Si vous êtes pédiatre et que vous avez travaillé le sujet des smartwatches, écrivez-nous un petit mail ! Et si vous souhaitez recevoir les suivantes toutes les semaines, abonnez-vous par ici.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

Toute l'actu tech en un clin d'œil
Ajoutez Numerama à votre écran d'accueil et restez connectés au futur !
Tous nos articles sont aussi sur notre profil Google : suivez-nous pour ne rien manquer !