Une agence américaine du renseignement a annoncé la mise en place d’un programme « volontaire » qui lui permettra de surveiller les réactions physiques et mentales de ses agents grâce à des objets connectés, et de se servir de ces informations dans l’avancement de la carrière.

Les espions devront s’habituer à être eux-mêmes étroitement surveillés. Aux États-Unis, le Bureau du Directeur du Renseignement National (ODNI) va présenter à ses troupes, lors d’une conférence interne organisée le 2 août prochain, un nouveau programme baptisé MOSAIC pour Multimodal Objective Sensing to Assess Individuals with Context (Détection Objective Multimodale pour Évaluer des Individus en Contexte). Il s’agit de fournir aux agents des services de renseignement différents outils, notamment des capteurs à porter sur soi, pour surveiller en permanence leur état de santé physique et mental.

« Sélectionner et évaluer une main-d’œuvre qui est bien adaptée aux exigences psychologiques et cognitives des différents postes au sein de la Communauté du Renseignement (CR) est un besoin important et persistant », explique l’IARPA, la sous-direction chargée des projets de recherche avancée pour les espions américains.

Des méthodes qui améliorent notre aptitude à évaluer les conducteurs psychologiques d’un individu, ses capacités cognitives, son bien-être mental et sa résilience

« Cela devient de plus en plus important à mesure que le rythme et la complexité des défis qu’affronte la main-d’œuvre de la CR s’accroissent et s’élargissent. Des méthodes qui améliorent notre aptitude à évaluer les conducteurs psychologiques d’un individu, ses capacités cognitives, son bien-être mental et sa résilience vont permettre d’améliorer les capacités à séelctionner la bonne personne pour le bon travail, à évaluer et aider à maintenir des performances optimales à travers leur carrière, et à mieux comprendre et anticiper les changements chez un individu qui peuvent avoir un impact sur son efficacité au travail, sa productivité, sa santé globale et son bien-être ».

Les wearables au travail, une tendance qui monte

Officiellement le programme se basera sur des volontaires qui accepteront de voir leur activité et leurs émotions traquées par des dispositifs technologiques qui ne sont pas détaillés. Toute l’idée du programme « multimodal » est d’associer différents capteurs pour amasser un maximum de données et affiner progressivement celles qui sont les plus pertinentes pour l’analyse. À terme MOSAIC devra offrir aux agents des « évaluations précises et personnalisées », et sera forcément utilisé pour décider de promouvoir ou de mettre à la retraite ou au placard des agents.

C’est à notre connaissance la première fois qu’une administration pousse aussi loin l’utilisation des wearables auprès de ses agents, mais ce n’est pas la première structure à en avoir l’idée. Nous avions par exemple parlé de cette université américaine qui propose un FitBit à ses étudiants pour leur décerner une note d’hygiène sportive, ou encore de cette entreprise qui surveille le sommeil de ses employés pour récompenser ceux qui dorment bien, parce qu’ils sont plus productifs.

Aux Pays-Bas, la CNIL hollandaise a décidé d’interdire ce type d’incitations à l’auto-surveillance, car le consentement du salarié n’est jamais véritablement libre. Sans doute Frédéric Lordon, que l’aliénation de l’employé à l’entreprise effraye autant que la notion du « bonheur au travail », aurait quelques petites choses à dire sur le sujet…

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