L’excitation commence à monter dans les rangs des amateurs d’eDonkey avec l’arrivée du réseau décentralisé d’eMule. D’ici quelques mois, il devrait permettre à la communauté de se passer des serveurs qui ont fait à la fois sa force et sa faiblesse. Nous avons pu mettre la main sur une version non publique de ce nouvel eMule, et vérifier qu’effectivement, la décentralisation semble en bonne voie.

Jed McCaleb, le créateur d’eDonkey, a compris depuis longtemps que les serveurs étaient devenus le maillon faible du réseau. Bien que de gros projets comme Razorback, appuyés par le talent de développeurs comme Lugdunum, ont jusqu’à présent permis de cacher ces lacunes, les solutions apportées par la communauté ne sont pas viables à long terme. Entretenir un serveur immense comme Razorback coûte extrêmement cher et il n’est pas certain que le système de dons mis en place résiste encore de nombreux mois. C’est pourquoi Overnet avait été développé par Jed McCaleb et sa société MetaMachine, mais sans rencontrer le succès escompté, notamment à cause de l’immense popularité d’eMule, basé lui sur le vieillissant système des serveurs.

Avec la sortie prochaine d’eMule dans sa version décentralisée, il est aujourd’hui presque certain que les serveurs eDonkey vivent leurs derniers mois, même si certains villages d’irréductibles continueront sans doute à les faire vivre, ne serait-ce que parce qu’ils sont en grande partie responsable de l’esprit eDonkey qui a fait le succès du réseau. C’est donc le protocole Kademlia, déjà utilisé par Overnet, qui remplacera le réseau eDonkey que l’on connaît actuellement.

La migration des ânes en plein hiver

La version que nous avons pu tester nous montre ainsi qu’à l’instar de la version officielle d’eDonkey, eMule se connectera à la fois sur les serveurs ed2k habituels et sur son réseau décentralisé, le temps sans doute d’effectuer la transition sans douleur. Mais rappelons que les réseaux Overnet et eMule resteront totalement incompatibles, ce qui risque de totalement isoler le logiciel de MetaMachine déjà bien mal en point.

Même s’il n’est pas encore optimisé, le réseau semble techniquement fonctionner et il est d’ores et déjà possible d’effectuer des recherches sans passer par les serveurs eDonkey. Il est bien sûr pour l’instant impossible de donner un avis sur les performances du réseau mais les résultats sont des plus prometteurs.

Au delà de l’intérêt très pragmatique d’avoir un réseau extensible à l’infini, la recherche sur Kademlia permet d’offrir des informations supplémentaires sous forme de metadata. Il sera ainsi possible de savoir dès la recherche d’un fichier quel codec est utilisé sur un film, quelle est sa durée, de quel album fait parti un MP3 ou encore quel est son bitrate.

Ainsi sans révolutionner le monde du Peer-to-Peer, ce nouvel eMule permet aux amateurs d’eDonkey de préserver la richesse du réseau et de rattraper bientôt le niveau des Gnutella 2, FastTrack ou Overnet. Les premières versions publiques n’ont pas encore été annoncées officiellement, mais il n’est sans doute pas trop optimiste de penser que le mois d’octobre devrait être celui du renouveau d’eMule…


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