En août 2020, une fuite d’air a été définitivement confirmée à bord de la Station spatiale internationale. Elle est apparue un an avant, en septembre 2019. « L’atmosphère de la station est maintenue à une pression confortable pour les membres d’équipage, et une infime partie de cet air fuit avec le temps, nécessitant une repressurisation de routine à partir des réservoirs d’azote livrés lors des missions de réapprovisionnement en cargaison », expliquait alors la Nasa. Il n’y avait rien de grave jusque là, puisque rien ne menaçait la vie de l’équipage. L’agence n’avait donc pas mis cet éventuel problème comme priorité.
Mais depuis septembre 2020, l’air s’échappait bien davantage. La fuite se démultipliait bien au-delà des niveaux normaux, motivant la Nasa à prendre le problème plus au sérieux. Dès lors, l’équipage était mobilisé pour identifier la source du problème. Les investigations ont mené au module russe, mais il restait à savoir d’où provenait précisément la fuite, car l’objectif était bien évidemment de la colmater au plus vite. C’est ainsi que le 15 octobre dernier, celle-ci a pu être identifiée grâce à un stratagème qui ferait rougir MacGyver : l’utilisation d’un sachet de thé. Et l’idée a fonctionné.
La stratégie du sachet de thé
Comme le narre l’agence spatiale russe, les astronautes à bord de l’ISS ont extrait quelques feuilles de thé d’un sachet. Ils les ont ensuite libérées au sein du module de service Zvezda — où l’on trouve aussi bien des quartiers de couchage qu’une cuisine et une salle de bain. Ils ont ensuite verrouillé la chambre de transfert menant vers ce module.
Les feuilles de thé, alors suspendues en microgravité, ont été attentivement scrutées par l’équipage. Ce n’était pas à l’œil nu : « Nous avons pris plusieurs photos et vidéos de la direction du vol du sachet de thé (…) et cela montre précisément la direction dans laquelle l’air est aspiré par la fuite d’air », a rapporté le cosmonaute russe Anatoly Ivanishin à son agence. L’équipage a pu observer les feuilles de thé se rapprocher lentement d’une petite fissure dans la coque du module, sur une paroi de l’ISS. C’était bel et bien par cette fissure que l’air fuitait.
Les astronautes ont colmaté la brèche à l’aide de ruban adhésif, dans un matériau adapté à des températures extrêmes. Pour autant, cela ne suffira pas sur le long terme. De l’équipement supplémentaire, plus robuste, sera livré à bord de la station par la prochaine mission habitée, à la fois pour mieux réparer la fissure et pour vérifier qu’aucune autre fuite n’a lieu. Car le problème n’est pas totalement réglé. « La pression de l’air continue de chuter, même si les taux de cette baisse se sont réduits », a expliqué Anatoly Ivanishin, ce qui peut s’expliquer par l’insuffisance du ruban adhésif, ou par l’existence d’une autre fuite.
D’autres problèmes techniques
La Station spatiale internationale fait face à plusieurs problèmes de vétusté ces derniers temps, notamment dans le module russe. « Tous les modules du segment russe sont épuisés », confiait récemment le cosmonaute Gennady Padalka. Pour lui, il faudrait s’assurer qu’aucun module ni aucun équipement à bord de l’ISS n’ait plus de 15 ans. Or, à l’heure actuelle, certains datent bel et bien encore de 1998.
Encore dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 octobre, les astronautes ont vécu une nuit des plus éprouvantes. Le système Elektron-VM de support en oxygène présent dans le secteur russe est tombé en panne. Puis ce fut au tour d’un cabinet de toilette de faire faux bond. Or, il n’y a que deux toilettes sur l’ISS, celle-ci située dans le secteur russe, et une autre dans le secteur américain, en panne depuis… novembre 2019. À tout cela s’est ajouté un dysfonctionnement dans le système de réchauffage de la nourriture.
Toutes les pannes ont été rapidement réparées et tout le monde va bien. « Tous les systèmes de la station fonctionnent normalement, il n’y a aucun danger pour la sécurité de l’équipage et le voyage à bord de l’ISS. » Si les toilettes n’avaient pas été réparées, les besoins auraient été plus compliqués à gérer, puisqu’il faudrait se rendre à bord du vaisseau Soyouz actuellement amarré à l’ISS, ce qui ne serait pas une mince affaire.
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