Mieux vaut tard que jamais, dit le dicton. Après cinq reports consécutifs, la mission VV16 d’Arianespace a enfin pu être menée à son terme dans la nuit du 2 au 3 septembre. Il était temps : alors que le vol de la fusée Vega était prévu en mars, la crise sanitaire et une météo défavorable (et même un typhon au large des côtes sud-coréennes !) ont provoqué des décalages de calendrier.
Résultat, SpaceX a pu coiffer au poteau Arianespace et boucler en juin son premier covoiturage spatial.
Mais qu’importe : si l’entreprise américaine a certes pu profiter de la malchance de sa rivale européenne, la bonne exécution de la mission VV16 n’en demeure pas moins une réussite pour l’Europe spatiale. Une réussite saluée par Jean-Yves Le Gall, le président du Centre national d’études spatiales (CNES), qui y voit « l’excellence, la disponibilité et l’efficacité du Centre Spatial Guyanais ».
Même satisfaction du côté de Thierry Breton, le commissaire européen dont le portefeuille couvre aussi l’espace : « Félicitations à Arianespace et à l’Agence spatiale européenne (ESA) pour le lancement réussi de Vega et le déploiement des charges utiles […]! L’essai de nouvelles approches en orbite réduit le délai de mise sur le marché des nouvelles technologies spatiales ».
Un galop d’essai réussi pour l’Europe
VV16 embarquait 53 satellites, répartis en 7 microsatellites et 46 nanosatellites. Fournis par 21 clients provenant de 13 pays, ils ont été libérés en suivant une séquence coordonnée, sur deux orbites héliosynchrones, à 515 et 530 km d’altitude. Ce largage a été mené avec le service de lancement modulaire pour petits satellites : Small Spacecraft Mission Service (SSMS).
Le SSMS a été développé par l’entreprise italienne Avio et construit par la société tchèque SAB Aerospace, sous la maîtrise de l’ESA. Il doit servir à faire des covoiturages spatiaux (ou vols partagés, ou « rideshares » en anglais), en répartissant les coûts d’un lancement entre plusieurs clients. Les satellites peuvent avoir un poids variant d’un kilogramme pour les plus petits, comme un CubeSat, jusqu’à cinq cents fois plus.
Ce vol était un galop d’essai pour démontrer la capacité européenne à mettre en œuvre un service de lancement partagé pour les petits satellites et pour vérifier les choix techniques avec le SSMS. Un essai transformé : « Le retour en vol de Vega valide de nouvelles capacités de lancement […], tout en assurant la continuité de l’accès garanti et indépendant de l’Europe à l’espace », se réjouit l’ESA.
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