L’entreprise DirecTV alerte les autorités fédérales au sujet de l’un de ses satellites, qui a subi une grave anomalie au niveau de ses batteries. Il doit être désorbité sans tarder et placé sur une orbite de rebut, car il pourrait exploser fin février.

C’est typiquement le genre d’évènement qui pourrait nourrir le scénario d’une série B. Sauf que cette fois-ci, la fiction a été rattrapée par la réalité : à 36 000 km d’altitude, en orbite autour de la Terre, un satellite américain pourrait bien finir par exploser à cause d’une grave défaillance dans le fonctionnement de ses batteries. Si une telle détonation survenait, des milliers de débris seraient propulsés dans toutes les directions et viendraient polluer un peu plus l’environnement spatial de la Terre, mettant ainsi en péril les autres satellites en opération.

Heureusement, cette éventualité ne peut pas se produire avant le 25 février 2020, quand débutera la saison printanière des éclipses, ce qui laisse un peu de marge pour agir — une marge toute relative, néanmoins, car les manœuvres prendront… 21 jours, ce qui laisse en réalité à peine quelques jours — et déplacer l’engin sur une orbite de rebut, là où il ne sera plus un risque pour les opérations spatiales. L’orbite de rebut se trouve à près de 300 km au-dessus de l’orbite géostationnaire, qui se trouve très exactement à 35 786 km d’altitude.

L'ombre formée sur la Terre au cours de l'éclipse. // Source : ESO/L.Calcada (photo recadrée)

L'ombre formée sur la Terre au cours de l'éclipse.

Source : ESO/L.Calcada (photo recadrée)

Une bascule périlleuse sur des batteries défectueuses

Mais comment se fait-il que des éclipses puissent provoquer la destruction d’un satellite ? D’abord, il faut préciser ce que sont ces saisons d’éclipses : dans le cas des satellites qui ont une position stationnaire, c’est-à-dire une orbite qui se déplace au même rythme que la rotation de la Terre, celle du printemps s’étale à peu près du 26 février au 13 avril. Or à ce moment-là, les satellites ne peuvent plus compter sur leurs panneaux solaires, qui sont leur première source d’alimentation électrique. Ils doivent alors basculer sur leurs batteries, le temps qu’ils se trouvent dans l’ombre.

Mais ça, c’est lorsque les batteries sont pleinement opérationnelles. Or, dans le cas du satellite Spaceway-1, elles ne fonctionnent plus normalement depuis décembre 2019. La nature de l’incident n’est pas connue : la documentation qui a été transmise à la FCC — la Commission fédérale des communications, un organisme américain qui supervise les activités spatiales concernant les États-Unis — indique simplement que l’engin « a subi une anomalie majeure qui a entraîné des dommages thermiques irréversibles à ses batteries ».

« Boeing, le fabricant du satellite, a conclu, sur la base de toutes les données disponibles, que l’on ne peut pas garantir que les cellules des batteries résisteront aux pressions nécessaires pour assurer la sécurité de fonctionnement du satellite lors des opérations d’éclipse ; il existe plutôt un risque important que ces cellules de batterie puissent éclater », continue le document, qui a été mis en lumière par SpaceNews. En principe, donc, il n’y a pas de raison que la FCC refuse à DirecTV, l’entreprise qui opère ce satellite, et filiale du géant des télécoms AT&T, le désorbitage d’urgence.

Des antennes opérées par DirecTV

Des antennes opérées par DirecTV.

Source : Eric Lumsden

Le temps presse

Mais il y a une petite subtilité : en principe, la FCC exige des opérateurs de satellites que les engins devant se rendre sur l’orbite de rebut soient vidés de leur propergol, c’est-à-dire du carburant qu’ils embarquent et dont ils sont susceptibles de se servir pour corriger leur orbite ou manœuvrer pour éviter une éventuelle collision. Il s’avère que Spaceway-1 a encore en soute 73 kg de propergol. Et au regard du calendrier, DirecTV n’aura pas le temps de s’en débarrasser avant le 25 février. D’où la demande pressante adressée à la FCC de sauter quelques étapes.

« Ses activités opérationnelles ayant pris fin, le véhicule spatial dispose d’une marge de puissance suffisante pour éviter l’utilisation des batteries pendant les opérations en plein soleil », écrit DirecTV. « Cependant, l’utilisation des batteries pendant l’éclipse est inévitable et il n’est pas possible d’isoler les éléments de batterie endommagés. Le risque d’une défaillance catastrophique des batteries rend urgentes la désorbitation complète et la mise hors service de Spaceway-1 avant le début de la saison des éclipses, le 25 février ». La balle est dans le camp de la FCC.

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