Il était temps. Après une longue période d’attente, la nomination de Jim Bridenstine au poste d’administrateur de la Nasa a été approuvée cette semaine par le Sénat des États-Unis. Il va pouvoir remplacer Robert M. Lightfoot Jr., qui assurait l’intérim à la tête de l’agence spatiale américaine depuis le 20 janvier… 2017.
L’intéressé devient ainsi le treizième directeur de l’une des plus importantes agences du pays et la plus puissante au monde dans son domaine. C’est toutefois le premier à être issu de la classe politique — c’est un élu républicain de l’Oklahoma qui siège à la Chambre des représentants.
"It is an honor to be confirmed by the United States Senate to serve as NASA Administrator,” said Jim Bridenstine (right), seen here at the #SpaceSymposium with Acting Administrator Lightfoot (left). Read more of his statement: https://t.co/MTEoAp6fLj pic.twitter.com/GPFg0nQrTG
— NASA (@NASA) April 19, 2018
Un profil atypique
Traditionnellement, les administrateurs de la Nasa sont des individus qui sont issus du corps des astronautes américains, ont un solide bagage scientifique ou ont eu une carrière significative dans l’armée. Jim Bridenstine ne coche aucune de ces cases, même s’il a servi un temps dans l’aéronavale en tant que pilote.
Son absence d’envergure dans les sciences a d’ailleurs représenté un relatif obstacle à sa nomination au poste d’administrateur : Jim Bridenstine a tenu des propos frisant avec le climato-scepticisme, questionnant la réalité du dérèglement climatique ou son faible intérêt pour les programmes d’observation terrestre.
Positions controversées
Jim Brindenstine a depuis ajusté son discours, notamment lors de ses auditions devant le Sénat. Ainsi, il a déclaré être d’accord avec le fait que l’activité humaine contribue « absolument » au changement climatique, mais a contesté l’idée d’en faire « la cause première », estimant plutôt qu’elle n’en est qu’une variable parmi d’autres.
Naturellement, cela a suscité des craintes légitimes, la Nasa conduisant un certain nombre de travaux pour étudier les effets de ce réchauffement global. Par exemple, l’agence spatiale américaine opère l’institut Goddard, un laboratoire qui effectue depuis huit ans une étude de grande ampleur sur ce phénomène.

Vue d'artiste du Space Launch System.
Source : NASA/MSFC
Nommé par Trump
Cette inquiétude s’inscrit dans un contexte particulier : Donald Trump, dont les positions climato-sceptiques sont connues, a pris un certain nombre de mesures relativement alarmantes. Le jour-même de son investiture, malgré le consensus qui existe sur un phénomène faisant l’objet d’un suivi international depuis trente ans, toutes les références à ce sujet ont été retirées du site de la Maison Blanche.
À l’inverse, comme le rappelle le journaliste spécialisé Éric Bottlaender, Jim Bridenstine se montre beaucoup plus allant sur l’astronautique, le développement du secteur privé dans le spatial et pour la conception du SLS (Space Launch System), qui sera le futur lanceur lourd de la Nasa pour les missions lointaines dans l’espace.
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