Après les missions aux finalités civiles, SpaceX s’ouvre au monde militaire. La société doit envoyer un premier satellite espion ce lundi 1er mai au profit de la NRO, une agence de renseignement américaine rattachée au Pentagone.

Observation de la Terre et des océans, télécommunications ou encore ravitaillement de la station spatiale internationale… jusqu’à présent, les missions opérées par SpaceX avaient des finalités civiles. Mais à partir du 1er mai, tout va changer avec les premiers lancements à vocation militaire : l’entreprise américaine doit en effet mettre en orbite son tout premier satellite espion, baptisé NROL-76.

Prévu initialement le 30 avril, le décollage de la fusée Falcon 9 surviendra finalement ce lundi du fait de la détection d’une défaillance au niveau d’un capteur. Par sécurité, la société a préféré retarder de quelques heures la mise à feu de son lanceur. SpaceX avait prévu le coup en se dégageant une fenêtre de substitution au cas où la première ne convenait pas.

Aucune information technique n’est évidemment disponible sur le satellite NROL-76, secret défense oblige, hormis que son poids ne peut excéder 13,15 tonnes (s’il est destiné à être placé en orbite basse), 7 t (héliosynchrone) ou 5,5 t (géostationnaire). Il s’agit en effet de la capacité maximale du lanceur Falcon 9. On présume que ce satellite sera placé en orbite basse, celle-ci étant en général choisie pour les satellites espions en vue de fournir la meilleure résolution possible.

En revanche, on sait que NROL-76 sera opéré par la National Reconnaissance Office (NRO), l’une des dix-sept agences de renseignements des États-Unis. Rattachée au Pentagone, elle fabrique et gère la flotte des satellites espions et effectue par ailleurs un travail d’analyse des informations que ses appareils collectent.

SpaceX

CC SpaceX

Auparavant, la National Reconnaissance Office passait exclusivement par Boeing et Lockheed Martin, réunis dans le consortium United Launch Alliance (ULA) pour procéder à la mise en orbite de ses satellites. Mais ce partenariat avait été dénoncé en 2014 par SpaceX dans le cadre d’une procédure judiciaire, qui a notamment pointé la dépendance périlleuse de l’ULA, celle-ci utilisant des moteurs d’origine russe sur l’une de ses fusées.

Des arguments patriotiques qui ont été entendus, permettant de casser le monopole d’United Launch Alliance, à la plus grande satisfaction d’Elon Musk, le fondateur de SpaceX. Car derrière l’indépendance stratégique de l’Amérique, que SpaceX contribue ainsi à préserver, le groupe a surtout accès dorénavant au marché de la mise en orbite des satellites militaires.

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